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de Cinna et un justaucorps galonné comme un trompette. Venez donc en foule ! je vous ouvrirai nos portes, si vous m’ouvrez vos poches.

Ah ! messieurs, je vous vois, je vous aime ;
Ah ! messieurs, je vous aimerai tant,
Si vous m’apportez votre argent !
Je vous vois ; je vous veux, je vous aime,
Je vous aimerai, etc.
DIXI[1]. »

Riner fit encore jouer en 1726 une pièce de Fuzelier et de d’Orneval, les Stratagèmes de l’amour, parodie du ballet de ce nom, que Fuzelier avait déjà parodié à la Comédie-Italienne. Je trouve, parmi les pièces manuscrites de Carolet qu’a réunies M. de Soleinne, le Divertissement comique, représenté par les marionnettes de Bienfait à la foire de 1727. Il n’y eut en 1728 d’autres spectacles forains que ceux des danseurs de corde et des marionnettes, lesquels ne se mirent pas en frais de nouveautés.

Carolet, à la foire Saint-Germain de 1731, fit jouer le Cocher maladroit ou Polichinelle Phaéton, parodie en trois actes et en vaudevilles de l’opéra de Phaéton. À la foire Saint-Laurent, Bienfait fit représenter par ses comédiens de bois trois pièces du même auteur, Polichinelle Cupidon ou l’Amour contrefait, l’Impromptu de Polichinelle, en prose, et le Palais de l’ennui ou le Triomphe de Polichinelle[2], critique en un acte et en vaudevilles de l’opéra d’Endymion. Les marionnettes jouèrent encore à cette foire Polichinelle roi des sylphes et Polichinelle à la guinguette de Vaugirard[3]. Cette année, l’Opéra-Comique, dont Pontau avait obtenu le privilège, fut obligé de se restreindre aux pièces à la muette et en écriteaux. Il n’obtint grace que pour quelques enfans auxquels il fit jouer une pièce de sa façon intitulée les Petits comédiens. Au lever du rideau, il s’avançait au bord de la rampe et sollicitait l’indulgence pour cette troupe enfantine ; en chantant le couplet suivant :

S’ils n’ont pas l’honneur de vous plaire,
Épargnez-les : c’est moi, messieurs,
Qui dois porter votre colère :
J’ai fait la pièce et les acteurs.

Peu de personnes savent que Favart a débuté par le théâtre des marionnettes. Sa première pièce, composée en société de Largillière fils, est une parodie du Glorieux de Destouches, Polichinelle comte de Paon-fier[4], jouée à la foire Saint-Germain de 1732 au jeu de Bienfait : Celui-ci, qui était devenu, grace surtout à Carolet, l’Atlas des théâtres de marionnettes, représenta encore à cette foire Polichinelle Amadis,

  1. Théâtre inédit de Fuzelier, Soleinne, n° 3405.
  2. Ces quatre pièces se trouvent dans le Théâtre inédit de Carolet, Soleinne, n° 3407.
  3. Théâtre inédit de la foire, Soleinne, n°3399.
  4. Théâtre inédit de Favart, Soleinne, u° 3419.