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LA


CARMAGNOLE D’OLYMPIO.




Mais peut-être à travers l’eau de ce gouffre immense
Et de ce cœur profond,
On serrait cette perle appelée innocence
En regardant au fond ?
(Les Voix intérieures, XXX. À Olympio.)


Je vois des gens très étonnés, je pourrais même dire très courroucés de la révolution qui s’est décidément accomplie dans la carrière publique de M. Victor Hugo. Ce sont en général d’honnêtes bourgeois qui avaient pris au sérieux toutes les apparences de restauration monarchique auxquelles l’établissement de juillet se confiait trop, volontiers à l’approche de sa chute. L’élévation de M. le vicomte Hugo aux honneurs de la pairie ne fut pas le moins curieux de ces trompe-l’œil. Beaucoup de bonnes ames crurent alors que le trône avait fait une conquête de plus.

Ce qui demeurait encore dans la mémoire des simples de l’œuvre littéraire de M. Hugo, c’était une vague et lointaine renommée d’excentricité quasi-révolutionnaire. L’auteur de Lucrèce Borgia et du Roi s’amuse jouissait toujours d’une certaine popularité de boulevard qui ne laissait pas d’effaroucher les personnes tranquilles, amies des spectacles calmans. Lorsque celles-ci s’interrogeaient en conscience sur les impressions qu’elles avaient gardées de son théâtre, elles ne pouvaient