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Bintimé. 1,706,000 piastres.
Dime 600,000
Haratch 50,000
Total 2,356,000 piastres.

Il y a là un contraste sur lequel je n’insiste pas. Les exemples ne me manqueraient pas d’ailleurs pour prouver l’énorme accroissement occasionné par l’introduction du système réformateur dans les charges des sujets de l’empire ottoman ; mais je crois inutile d’appuyer par de nouveaux faits une assertion que les preuves déjà citées ont dû rendre irrécusable : c’est que, si la charte de Gulhané n’a point atteint d’un côté son but principal, de l’autre elle n’en a pas moins modifié gravement la condition des sujets ottomans en leur imposant des charges nouvelles que les avantages solennellement promis n’ont point encore compensées.

Que conclure de cette situation pénible où sont placées les nombreuses populations soumises au sultan Abdul-Medjid ? Suffirait-il, pour accorder à leurs griefs une satisfaction légitime, d’exécuter plus loyalement le hatti-chérif de Gulhané ? Non sans doute : ce hatti-chérif n’est que le témoignage éloquent des vues libérales, des généreuses intentions du gouvernement turc. Il promet beaucoup de réformes, mais il laisse subsister encore plus d’abus. L’œuvre de régénération dont les principales bases ont été jetées à Gulhané n’exige pas seulement plus de fidélité, plus de zèle dans les fonctionnaires chargés d’en assurer le succès ; elle demande encore à être complétée sur beaucoup de points ; et, en admettant même que ce difficile travail fût accompli, il resterait à la Turquie un pas à faire dans la voie où ce hatti-chérif l’a introduite : je veux parler de l’émigration européenne, qu’il serait de l’intérêt du gouvernement turc d’encourager, de favoriser par tous les moyens.

Compléter le hatti-chérif de Gulhané, favoriser l’émigration européenne, telle est la double tâche imposée au sultan actuel. Cette tâche n’est au-dessus ni de son intelligence ni de son noble caractère. J’ai déjà montré combien le hatti-chérif de Gulhané avait créé de difficultés nouvelles dans la situation intérieure de la Turquie. Il suffira de rappeler ces difficultés, en ce qui touche l’Asie Mineure, pour préciser les graves exigences que, dans l’Anatolie comme dans le reste de l’empire, le gouvernement turc ne saurait long-temps méconnaître.

Il demeure prouvé qu’on n’a point su jusqu’à ce jour tirer de l’Asie Mineure des bénéfices matériels en proportion avec les ressources variées