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Dans un grand nombre de provinces, les tribus nomades des Avchares, des Kurdes, etc., se livrent à des brigandages et à des violences barbares que l’administration laisse trop souvent impunis. Ainsi toute industrie est étouffée dans son germe, car il manque au travail clé l’homme en Turquie sa première condition d’existence et d’avenir, la sécurité, le respect de la propriété.

Les principales sources du revenu public en Turquie sont en premier lieu :

La dîme (uchur) ; elle est prélevée sur tous les produits de l’agriculture, ainsi que sur les bestiaux dont l’élève se rattache à l’économie rurale.

Le bintimé (anciennement appelé salguine), qui consiste en un droit de 25 pour 100 que paie chaque propriétaire d’après l’évaluation de ses biens tant meubles qu’immeubles. Ces biens pouvant se composer de valeurs déjà soumises à la dîme, — les céréales, les olives, les troupeaux, par exemple, il s’ensuit que les mêmes propriétés se trouvent souvent frappées par deux impôts différens ; c’est ainsi que sur 1,000 kilogrammes de blé le gouvernement en prélève 100 à titre de dîme, et 500 à titre de bintimé, tandis que, pour une maison estimée à la même valeur, il ne perçoit qu’un seul impôt, c’est-à-dire les 25 pour 100 du bintimé.

L’intésap est un droit dont sont frappés les boutiques et magasins selon la valeur des objets qu’ils exposent en vente ; le maximum de cet impôt est de 60 piastres, et le minimum de 10 piastres par mois.

Le haratch ou capitation est imposé à tous les sujets chrétiens ou rayas de la Porte. Cet impôt personnel est de 30 à 60 piastres par tête, selon la répartition qui en est faite par les communes locales.

Le gumruk ou droit de douane consiste en un droit de 9 pour 100 prélevé sur les marchandises qui viennent de l’intérieur et s’embarquent pour les échelles situées dans l’empire, de 12 pour 100 sur les marchandises exportées à l’étranger, et enfin de 5 pour 100 sur les marchandises importées de l’étranger. De toutes ces sources du revenu de l’état, les dîmes et les douanes sont celles qui, en Asie Mineure. rapportent le plus, car on peut évaluer le résultat des premières à environ 15 millions de francs et celui des dernières à 25 millions de francs, ce qui fait un montant de 40 millions de francs ; or, en y ajoutant les 2,500,000 francs que rapportent les mines, et en tenant compte du produit des autres sources de la recette., et nommément du bintimé, de l’intésap, du haratch, etc., on ne s’éloignera pas beaucoup du chiffre réel en admettant que le total des revenus que retire le gouvernement turc de l’Asie Mineure est de 50 à 55 millions de francs, ce qui prouverait, que l’Asie Mineure à elle seule fournit plus d’un tiers du montant de la recette publique de l’empire.