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débouché dans les colonies anglaises et hollandaises des Indes orientales. La chèvre d’Angora donne en moyenne 1 ok ou à peu près 1 kilog. de laine ; on la tond au mois d’avril. La quantité moyenne fournie annuellement par le district dont j’ai indiqué les limites, la ville d’Angora y comprise, peut être estimée de 350 à 400,000 oks, ou environ 450 ou 500,000 kilogrammes ; sur cette quantité, 40,000 oks sont employés dans le pays même à la fabrication du fil, dont on en retire 25,000, et qu’on exporte en Hollande ; 8 à 10,000 oks de laine sont manufacturés dans le pays même et convertis en châles et tissus, dont l’exportation est prohibée par le gouvernement turc, et qui ne sont consommés que dans l’empire ; enfin, 300,000 oks, sous forme de laine brute, sont exportés en Europe ou plutôt en Angleterre, car une très petite quantité seulement de ces laines brutes pénètre en France par le port de Marseille, et en Autriche par celui de Trieste. Ce relevé est basé sur des renseignemens authentiques que je dois aux marchands arméniens d’Angora, de Sevrihissar, Kastémouni, Tchengueri et autres localités, centres du commerce des laines dans l’Asie Mineure. Il prouve suffisamment l’importance que pourrait acquérir, dans l’intérêt du commerce extérieur de l’Anatolie, l’élève de la chèvre d’Angora, puisque, sur 350 à 400 oks de laine qui représentent le montant de la production annuelle, 340 à 390,000 oks sont exportés en Europe, où l’Angleterre trouve moyen de revendre cette laine au poids de l’or sous le titre pompeux de laine de Cachemire.

On le voit, la région des montagnes et la région des plateaux offrent au travail agricole les conditions les plus favorables. Les céréales, les vignes, le tabac, le pavot, le djéhri, l’élève des bestiaux, sont pour l’Asie Mineure autant de sources de prospérité qu’il est aisé de rendre plus fécondes, en substituant aux procédés surannés de l’industrie orientale les procédés, les méthodes perfectionnées de l’industrie européenne : Ce n’est point pourtant à la surface du sol qu’il faut chercher les principales richesses de l’Asie Mineure. Les chaînes de montagnes qui la traversent en tous sens cachent dans leurs entrailles d’autres trésors qui sont restés trop ignorés jusqu’à ce jour. Ce que nous avons dit des produits agricoles de l’Asie Mineure a pu donner une idée de l’aspect général du pays ; les ressources minérales de cette péninsule en feront connaître la construction géologique.


II

Les mines actuellement exploitées dans l’Asie Mineure sont au nombre de dix ; à ces mines on pourrait en joindre sept que les mineurs turcs, rebutés par quelques obstacles insignifians, ont déclarées improductives. Les sept mines inexploitées et prétendues improductives