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Pamphylie et la Cilicie Trachée. — La Cilicia Campestris a pris le nom d’eyalet d’Adana. — Enfin, dans la vice-royauté de Marach, on retrouve une partie de l’Arménie Mineure, et dans la vice-royauté de Sivas la Cappadoce. — Ces onze eyalet se subdivisent en trente-neuf sandjaks (provinces) et cinq cent quatre-vingt- treize cazas (districts). Dans chaque eyalet, il y a trois fonctionnaires supérieurs parfaitement indépendans l’un de l’autre : le gouverneur civil, le pacha commandant les troupes, et le directeur du fisc, dont les fonctions répondent à celles du receveur-général d’un département français. L’administration judiciaire ne relève que du chef de l’ordre religieux ou cheik el islam, résidant à Constantinople.

Tel est le système administratif qui régit aujourd’hui l’Asie Mineure. Ce n’est point toutefois cette division politique du pays qui doit préoccuper l’explorateur dont le but est avant tout de porter quelque lumière sur les richesses naturelles de cette vaste contrée. Pour mettre de l’ordre dans ses recherches, il doit avoir sous les yeux une division plus simple, indiquée par la configuration même du territoire. Ainsi on peut distinguer dans l’Asie Mineure deux grandes régions : celle des plateaux, celle des montagnes. La première, qui occupe la partie centrale de l’Asie Mineure, embrasse presque le tiers de cette contrée bornée à l’ouest par le Méandre et l’Hermus, elle s’étend à l’est jusqu’aux parages de Sivas ; sa limite septentrionale est marquée par les parallèles de Sivas, Juzgat et Angora ; sa limite méridionale, par ceux d’Erégli et de Karaman. Cette région se compose, comme son nom l’indique, d’une suite de plateaux ou de bassins, les uns légèrement ondulés, les autres à surface parfaitement horizontale, et entre lesquels des montagnes, presque toutes dirigées du nord-ouest au sud-est, forment autant de barrières naturelles. Bien qu’isolés ainsi par les renflemens du terrain, ces divers bassins n’en ont pas moins une physionomie commune : sans parler de l’absence presque complète de végétation arborescente, qui imprime aux plaines centrales de l’Asie Mineure un cachet tout particulier de monotonie et de tristesse, on peut noter encore comme traits caractéristiques de cette région l’uniformité de la constitution climatologique. Dans la plupart des plateaux, cette uniformité est très marquée, et la moyenne annuelle de la température rappelle le climat du nord de la France et de l’Allemagne, avec cette différence que l’Asie Mineure a des hivers plus froids et des étés plus chauds. Aussi y cultive-t-on la vigne, qui, bien que souvent endommagée par les froids de l’hiver, comme dans la plaine d’lsbarta, à Konia, Dennir, etc., y arrive cependant très vite à maturité. Quant aux figuiers, aux oliviers et autres arbres qui exigent la température du midi de l’Europe, la région des plateaux en est complètement privée.