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HISTOIRE FINANCIERE.




DE LA SITUATION FINANCIERE ET DU BUGET DE 1851.




Dans un discours qui a obtenu et qui méritait un grand retentissement[1], M. Donoso Cortès, tirant l’horoscope des gouvernemens constitutionnels, prédit qu’ils périront par la banqueroute. L’orateur espagnol, pendant qu’il était en train de jeter sur la situation des pouvoirs ces clartés funèbres, aurait bien pu étendre sa prédiction aux gouvernemens absolus. Je ne vois pas en effet ce qui les préserve. Les gouvernemens absolus de l’Europe éprouvent les mêmes embarras financiers, qui, mis à découvert dans les gouvernemens constitutionnels par les révélations de la presse et par les éclats de la tribune, affaiblissent ceux-ci aux yeux de l’opinion publique et font douter de leur durée. Les uns comme les autres ont coutume d’épuiser toutes les ressources de l’impôt, et ils ont un égal besoin du crédit. Y a-t-il, sur le continent européen, des finances plus embarrassées que celles de l’Autriche ? Est-il un pays où la circulation monétaire ait subi de plus anciennes et plus profondes perturbations ? Et comment parler du crédit d’un gouvernement qui ne sait ou ne peut combler le vide de ses caisses qu’au moyen de l’emprunt forcé ? L’équilibre entre les dépenses annuelles et les revenus de l’état ne règne pas assurément en Russie plus sincèrement

  1. Prononcé le 30 janvier, devant la chambre des députés, à Madrid.