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LA


LITTERATURE EN ALLEMAGNE


DEPUIS LA REVOLUTION DE FEVRIER.




LA LITTERATURE POLITIQUE. - LES PHILOSOPHES ET LES POETES.




Avant le 24 février, les lettres allemandes suivaient une marche régulière. L’enthousiasme de la liberté, l’espérance des réformes constitutionnelles, étaient pour les esprits un aiguillon et un frein. Heureuses les générations qui poursuivent un idéal et que soutient l’espoir d’une victoire prochaine ! il semble qu’une harmonie secrète conduise tous leurs mouvemens. L’effervescence de 1830 s’était modérée peu à peu, et une phalange de jeunes écrivains, réglant son inspiration sur le but proposé à la patrie, avait accompli en peu d’années les plus sérieux progrès. Des romans de la jeune Allemagne aux contes populaires de M. Auerbach, de la philosophie insensée des Annales de Halle aux plus récens écrits de M. Strauss, la route parcourue est signalée par des transformations heureuses. Je ne prétends pas que les mauvais ouvrages et les doctrines coupables eussent disparu ; la démagogie hégélienne était arrivée, au contraire, à la dernière limite de ses folies, et le plus froidement exalté de ses tribuns, M. Stirner, avait épouvanté l’Allemagne par des clameurs sauvages. Il est certain pourtant que, malgré la fureur des partis extrêmes, la pensée publique se développait avec une suite marquée, et que les lettres avaient fidèlement reproduit les différentes phases de ce progrès.