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Gare à vous ! — Mais écoutez donc quelle méchante vie fait le vent là-dehors. Et mon pauvre curé qui est par les chemins ! Quand j’y songe !…

JACOBUS.

Oui. oui, Je pourrais lui dire en cet instant :

Tout vous est aquilon, tout me semble zéphyr.
Mme D’ERMEL.

Ce mot ne serait pas charitable. — Mettez-vous donc dans cette lunette, vous l’osez.

JACOBUS, après une longue méditation.

Est-ce que c’est un piège, cette lunette ? Je ne vois pas.

Mme D’ERMEL.

Allez toujours. Ah ! Jacobus, je vous en prépare de cruelles, mon ami !

JACOBUS.

Piège ou non, m’y voilà.

Mme D’ERMEL.

C’est joué ?

JACOBUS.

Oui.

Mme D’ERMEL.

Vous vous y tenez ?

JACOBUS.

Attendez donc… (Il médite.) Oui, je m’y tiens.

Mme D’ERMEL.

Le malheureux !… Prenez par là, s’il vous plaît, et puis par ici. À moi maintenant… une, deux, trois, quatre ; que dites-vous de cette rafle ?

JACOBUS.

C’est inconcevable ! où avais-je l’esprit ? je n’en sais rien.

Mme D’ERMEL.

Ni moi… Entendez-vous le bruit de la grêle sur le vitrage de ma serre ? C’est une chose, docteur, dont on ne remercie pas assez Dieu, que d’être en un lieu clos, dans un vêtement ouaté, et en bonne compagnie, par un temps pareil. Généralement, on est très ingrat envers Dieu.

JACOBUS.

Hon ! bon !

Mme D’ERMEL.

Est-ce que vous niez cela, monsieur ?

JACOBUS.

Eh non, madame, je ne le nie pas… je n’y songe même pas… je suis à mon jeu.

Mme D’ERMEL.

À la bonne heure ; mais, puisque vous êtes à votre jeu, tâchez donc de me débusquer de là, vous ne ferez pas mal. — Quand vous avec la tête appuyée comme cela sur vos deux mains, la pression de vos doigts relevant les extrémités de vos sourcils vous prête un faux air du diable.