Page:Revue des Deux Mondes - 1850 - tome 6.djvu/1061

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA BOURGEOISIE


ET LA


REVOLUTION FRANCAISE.




LA PARTI GIRONDIN.
SON ORIGINE, SA POLITIQUE ET SA CHUTE.




I

La bourgeoisie avait à peine vaincu, que déjà sa victoire était sur le point de lui échapper. Elle s’était montrée si implacable envers ses adversaires, que ses violences avaient doublé leurs forces ; elle s’était montrée si confiante envers ses alliés, que ceux-ci étaient bientôt devenus ses maîtres. La constitution de 1791 allait périr moins par les résistances qu’elle avait rencontrées que par les mesures iniques prises pour prévenir ces résistances mêmes. On avait passé contre les ennemis de la révolution d’une défensive légitime à une persécution implacable. À force de prendre des garanties contre le monarque, on lui avait lié les mains pour le bien comme pour le mal ; à force de s’inquiéter des attaques éventuelles à la constitution, ses auteurs n’avaient laissé au pouvoir chargé de l’exécuter aucune arme pour la défendre.

Par un système de méfiance injurieuse et continue, ils étaient parvenus à transformer en ennemi des institutions nouvelles le prince