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LA CALIFORNIE


DANS


LES DERNIERS MOIS DE 1849.




Nous sommes par 35 degrés de latitude nord, cinglant, sous une brise fraîche, vers le goulet qui conduit dans la baie de San-Francisco. Rien de plus agréable que les premières impressions d’un froid vif, pour qui vient d’échapper au long martyre d’une résidence de trois années sous le soleil brûlant des tropiques ; aussi tout le monde à bord de la Poursuivante est-il aujourd’hui d’une humeur parfaite. La voix du commandant, ordinairement d’un timbre si éclatant, s’est sensiblement adoucie. Les matelots mettent plus d’empressement à faire la manœuvre. Les passagers eux-mêmes, auxquels manque depuis si long-temps un sujet de conversation, se réveillent de leur léthargie, et engagent entre eux des discussions animées.

C’est que nous touchons à l’un des points les plus intéressans, les plus mystérieux du globe. Nous sommes à la veille de voir se résoudre pour nous une question qui jette, depuis quinze mois, dans d’étranges perplexités le nouveau aussi bien que l’ancien monde. Il s’agit de savoir si les mines tant vantées de la Californie ne sont qu’une immense duperie, un yankee puff, pour attirer les colons et les capitaux dans