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pas prévoir à qui pourrait en remonter la responsabilité. Je crois que le prince Louis-Napoléon ne démentira pas les espérances qu’il a inspirées au parti modéré et au pays ; je crois que les partis anti-révolutionnaires ne perdront pas le tact politique, la prudence résolue et l’esprit de concorde qui ont fait leur force jusqu’à présent. De part ou d’autre, les fautes ne pourraient naître que de mouvemens d’humeur mal réglés ou d’une précipitation intempestive. Les coupables seraient les impatiens qui ne tiendraient pas compte des nécessités du présent et de la mesure du possible ; ce seraient encore les esprits dogmatiques ou les caractères chagrins qui poursuivent des chimères, que les difficultés de la réalité lassent et irritent, qui ne veulent pas comprendre que la politique, suivant un mot de Burke dans ses Lettres sur la Révolution française, n’est pas la recherche de l’absolu, mais un compromis perpétuel entre le mieux et le bien, le bien et le mal, et souvent entre un mal et un autre mal. Dieu fasse que, sur le navire en détresse, ces imprudens ne s’avisent point, comme ils l’ont fait trop souvent depuis trente-cinq années, de se battre pour des questions d’astronomie ou de chercher querelle au capitaine ! Nous le leur demandons au nom d’une génération d’hommes nouveaux qui grandit chaque jour dans la politique, qui remplit les carrières libérales, les fonctions publiques et l’armée, qui tient à honneur de n’avoir trempé dans aucune révolution et de n’avoir jamais fait alliance avec une opposition factieuse, qui déteste l’esprit révolutionnaire, et qui veut conduire la révolution de février au cinquième acte et au dénoûment.


EUGENE FORCADE.