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elle répond non. La fusion des deux partis en un seul parti monarchique peut se faire de deux façons : par l’alliance des deux branches de la maison de Bourbon dans l’exil, par un accord convenu entre les deux partis en France sur les points qui les ont autrefois divisés. Je suis convaincu que les deux branches de la maison de Bourbon n’éprouvent l’une envers l’autre, dans la dignité de leur exil, aucun des sentimens hostiles qu’affectaient en d’autres temps leurs amis les plus indiscrets ; mais il est évident que depuis la révolution de février elles n’ont point encore confondu leurs intérêts. De même en France le parti légitimiste et le parti orléaniste se sont rapprochés très sincèrement et très loyalement pour combattre la révolution et le socialisme ; mais ils se sont alliés, ils ne se sont point absorbés. Ils ont fait face ensemble à un ennemi commun, ils ont gardé leur physionomie et leur organisation distinctes. Je le répète, il n’y a pas à débattre ici la convenance ou la possibilité de cette fusion, à rechercher s’il a été fait de l’un ou de l’autre côté des avances, si des efforts ont été sérieusement tentés en France ou hors de France. Le fait seul importe ; or un fait certain, c’est que le parti légitimiste et le parti orléaniste ne sont prêts d’aucune façon à soutenir, dans les élections de 1852, un plan commun pour la reconstitution d’un pouvoir permanent dans une branche de la maison de Bourbon.

De ce qui précède il résulte nécessairement que, dans la seule hypothèse sur laquelle l’intelligence politique doive établir ses calculs, le prince Louis-Napoléon est le seul candidat par qui les partis monarchiques puissent vaincre la révolution. La candidature à la présidence en 1852 doit exprimer un principe et s’incarner en un homme. Le principe que nous voulons faire triompher pour vaincre la révolution est celui de la permanence du pouvoir ; le candidat que nous devons choisir est l’homme qui, représentant ce principe, a le plus de chances de réunir autour de lui la majorité populaire. Cet homme est le prince Louis-Napoléon. Lui seul peut faire ce que, je crois l’avoir démontré, les deux autres partis monarchiques ne peuvent point faire. Quatre raisons l’imposent à nos choix. Premièrement il a déjà le pouvoir ; le lui continuer est le moyen le plus direct et le plus péremptoire de faire casser par le suffrage universel la constitution-Marrast. Secondement, il a le prestige du nom de Napoléon, prestige sans rival aux yeux du peuple. Troisièmement, il se recommande à notre reconnaissance par les services énergiques et constans qu’il a rendus au parti du bien depuis qu’il est au pouvoir. Quatrièmement enfin, il n’a point terminé encore son œuvre ; Que l’on soit en effet légitimiste ou orléaniste, quelque idée que l’on ait de l’avenir du prince Louis-Napoléon, il faut reconnaître qu’en le portant à la présidence la France lui donné une mission qui ne peut se limiter à la durée de quatre années.