Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/884

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce chemin devra encore en dépenser 16. Pour tenir compte de toutes les éventualités, disons 20. Le capital de la compagnie est de 65 millions ; elle a reçu 22 millions trois quarts ; il lui reste à appeler 42 millions un quart. Au cours actuel de la Bourse, le capital versé perdrait en ce moment près de 13 millions. La concession est de vingt-huit ans.

Sur le chemin de Tours à Nantes, la dépense actuelle de l’état est de 35 millions ; la dépense qui lui reste à faire est de 11 millions. Le capital de la compagnie s’élève à 40 millions ; le montant des versemens effectués est de 26 millions ; les fonds à appeler sont de 14 millions. La perte au cours, actuel, sur les fonds déjà versés, dépasse 17 millions. La durée de la concession est fixée à trente-quatre ans.

Ainsi, sur les trois chemins dont il s’agit (Paris à Strasbourg, Orléans à Bordeaux, Tours à Nantes), l’état finira la portion de la tâche qu’il a acceptée avec une dépense de 60 millions ; les compagnies ont encore à appeler, pour compléter leur capital social, une masse de 106 millions ; cela fait en tout un capital de 166 millions.

Voilà en quelques mots la situation qui se complique d’une difficulté essentielle dont il faut tenir compte. Les compagnies finiront péniblement, si elles y arrivent, avec leur capital actuel ; elles doivent prévoir aussi la nécessité où elles pourront se trouver de recourir au crédit pour suppléer à l’insuffisance de leur fonds social. Cependant le cours des actions indique aujourd’hui une perte de 68 millions sur les 124 millions qu’elles ont déjà réalisés ; c’est là une preuve de l’incertitude qui pèse encore sur ces sortes d’affaires, et de la difficulté qu’on éprouvera à les faire aboutir. L’embarras des compagnies est évident ; celui du trésor ne l’est pas moins, et il y a, pour les deux parties qui ont contracté, un égal intérêt à réviser les contrats pour chercher dans un système de concessions réciproques le moyen de régler d’un seul coup tous les mécomptes et de sortir de toutes les difficultés, de tous les embarras. Eh bien ! l’état, qui n’a que des revenus, peut donner aux capitaux des compagnies la sécurité qui leur manque, mais à la condition que les compagnies viendront en aide à l’état pour la formation des capitaux dont il a un urgent besoin.

Je m’explique : que la compagnie de Strasbourg, par exemple, rembourse à l’état une portion des travaux par lui exécutés sur le chemin de Paris à Strasbourg, et que l’état garantisse à la compagnie l’intérêt et l’amortissement non seulement de la somme remboursée, mais encore du capital effectif de 125 millions auquel la compagnie est constituée.

Quelles peuvent être les bases d’une pareille opération ? C’est par une appréciation, toujours un peu délicate, des faits qu’on peut en juger. J’admets qu’on réclame de chacune des compagnies de Strasbourg, de Bordeaux et de Nantes le remboursement d’une somme s’élevant au tiers de son propre capital ; elle auraient dans ce cas à fournir, savoir :

La compagnie de Strasbourg en nombre rond : 42 millions.
Celle de Bordeaux : 22 »
Enfin celle de Nantes : 13 »
Soit en tout : 77 «