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et que quelques-uns même annoncent l’intention de ne pas rendre le capital. Nous invoquerons enfin la législation américaine tout-à-fait favorable aux débiteurs, et qui semble calculée pour assurer la spoliation des créanciers ; nous regrettons d’être obligé de dire que cette législation passe des jeunes états aux vieux ; l’état du Maine vient, en effet, de rendre une loi qui déclare insaisissable tout ou partie de la propriété foncière des débiteurs.

M. Carey a raison de dire que l’Union, faute d’état militaire à entretenir, est exempte de la plus lourde et de la plus improductive des dépenses C’est quelque chose de très grave pour un pays que de ne pas dépenser tous les ans en pure perte un capital de 4 ou 500 millions. Nous admettons avec M. Carey, dans une certaine mesure, l’influence de la modicité des taxes sur le développement de la richesse publique, tout en croyant qu’on exagère beaucoup la différence qui existe, sous ce rapport, entre l’Europe et les États-Unis ; mais ce n’est là qu’une cause partielle, car certains états sont taxés bien plus lourdement qu’aucun pays d’Europe. La Pensylvanie, par exemple, est tellement taxée, que beaucoup de négocians sont allés s’établir dans le New-Jersey, et se contentent d’avoir à Philadelphie un comptoir, où ils viennent chaque jour. L’Alabama, qui était entré dans une voie de prospérité sans exemple même aux États-Unis, commence à perdre de ses habitans, qui émigrent dans l’Arkansas et le Texas pour échapper à des taxes beaucoup trop lourdes.

Il nous faut une cause générale et toujours agissante. Nous ferons d’abord observer qu’il n’y a point aux États-Unis de classe improductive uniquement occupée de dépenser ses revenus. Sauf un très petit nombre d’exceptions, les gens les plus riches continuent de s’intéresser, soit dans le commerce, soit dans l’industrie. Toutes les forces de la nation sont donc utilisées. Mais le fait particulier aux États-Unis, et qui ne se reproduit point ailleurs, c’est l’indépendance absolue du travail. Tout homme, aux États-Unis, a le choix, à chaque instant de sa vie, entre le travail et la propriété, acquise par le travail. Ceux à qui ne conviennent pas les conditions pécuniaires d’un emploi ou d’un travail sont libres d’émigrer dans l’ouest et d’y trouver immédiatement la propriété, à la condition de la féconder à la sueur de leur front. Il en résulte que le salaire est, aux États-Unis, beaucoup plus élevé que partout ailleurs, sans que la vie soit plus chère. Le travailleur, s’il est sobre, peut économiser 50 pour 100 de ses gages, et quelquefois même davantage. Le travail, aux États-Unis, est donc un capital, et même le plus productif des capitaux, celui qui s’accumule le plus vite. Si l’on multiplie le chiffre de ces économies individuelles par le nombre des travailleurs ou employés des deux sexes, on sera effrayé du capital énorme créé chaque année aux États-Unis, et qui devient immédiatement productif. Rappelons-nous les paroles d’Adam