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ans révolus, qui représentaient l’addition faite à la population de 1820 ; cette addition avait été compensée par 1,257,910 décès survenus dans la population recensée en 1820 : l’accroissement de la population, en 1830, devait donc être de 2,169,820. Le recensement de 1830 attestait, au contraire, un accroissement de 2,664,311 sur celui de 1820. Il fallait donc qu’en dehors des naissances, 494,491 individus fussent venus s’ajouter à la population américaine : c’était évidemment la part afférente à l’émigration de 1820 à 1830. Le même calcul montre que, de 1830 à 1840, la population vivante des États-Unis s’est accrue de 862,040 individus, par le seul fait de l’émigration, sur un accroissement total de 3,662,970. On voit donc que, de 1820 à 1840, l’émigration européenne figure pour 20 ou 25 pour 100 dans le développement de la population américaine, et aujourd’hui cette proportion n’est point trop forte, parce que l’emploi de la vapeur dans les communications transatlantiques a entraîné une diminution de 75 pour 100 dans le prix de la traversée par la navigation à voile, et a donné par suite un développement extraordinaire à l’émigration. C’est pour constater ce développement que nous avons cru devoir citer plus haut le chiffre actuel des arrivages à New-York.

M. Carey se croit à l’abri de toute objection après avoir accepté sur ses données une déduction de 10 pour 100, qui devrait être de 25 pour 100 ; il oublie que, dans la comparaison de deux chiffres, le déplacement d’une seule unité constitue une différence de deux unités au désavantage de l’un des deux termes. Il ne suffit donc pas, pour avoir les véritables termes de la comparaison, de déduire du compte de la population américaine les émigrans européens ; il faut en même temps restituer au compte de l’Europe cette même émigration. L’erreur de M. Carey est d’autant plus forte, qu’elle porte sur des chiffres très considérables. Prenons l’Angleterre pour exemple. Le recensement de 1821 donna pour les trois royaumes 21,193,000 habitans ; celui de 1831, 24,306,000, soit une augmentation de 3,113,000 en dix ans, et de 311,000, par an. Le nombre total des émigrans pour ces dix années n’avait été que de 291,070, soit annuellement 9 pour 100 de l’accroissement total de la population. De 1831 à 1841, le nombre des émigrans fut de 738,582 ; dans les sept années de 1842 à 1848 inclusivement, il s’éleva à 983,953, et, suivant les renseignemens officiels recueillis par la commission d’émigration, le nombre des émigrans pour le premier semestre de 1849, finissant le 30 juin dernier, a atteint le chiffre de 196,973. Il en résulte qu’en Angleterre l’émigration annuelle, après avoir été successivement dans la proportion de 9, de 23 et de 46 pour 100 de l’accroissement naturel de la population, a fini par l’égaler dans ces dernières années, en sorte que, si l’émigration continue sur la même échelle, la population de l’Angleterre demeurera stationnaire, malgré une incontestable fécondité. En effet, si nous prenons vingt-cinq ans comme l’âge moyen