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de 1845 a constaté qu’à Boston les habitans nés en Europe, émigrans par conséquent, formaient le quart des électeurs et le tiers de la population totale, qu’à New-York les habitans nés en Europe forment les deux cinquièmes de la population totale. Ce n’est pas trop d’évaluer à un cinquième de la population totale les émigrans allemands établis en Pensylvanie, et, dans l’Ohio et l’Indiana, les émigrans allemands occupent des villages et jusqu’à des comtés tout entiers. Depuis l’établissement des bateaux à vapeur transatlantiques, New-York est devenu le principal port d’arrivée de l’émigration ; mais, même en remontant à quelques années, il est facile de voir que les émigrans débarqués au seul port de New-York ont dépassé la moyenne indiquée par M. Carey.

Voici le nombre des émigrans débarqués à New-York dans les sept premiers mois des six dernières années :


1844 34,655 1847 102,118
1845 48,500 1848 110,404
1846 60,220 1849 143,222

Nous n’avons pas besoin de faire remarquer que deux des mois où le nombre des arrivages est le plus considérable, août et septembre, ne sont pas compris dans ce tableau.

M. Carey avait un moyen facile de parvenir à la vérité ; il pouvait à la fois se rendre un compte exact du progrès naturel de la population et connaître avec une approximation suffisante le nombre des émigrans arrivés aux États-Unis dans une période donnée. Au lieu de prendre pour base de ses calculs le résultat total de chaque recensement, d’où il lui devenait impossible d’éliminer, le produit de l’immigration, il fallait faire usage de la règle de Godwin. Etant donné les résultats du recensement aux deux extrémités d’une période décennale, soit 1830 et 1840, il est évident que la portion de la population âgée de moins de dix ans révolus en 1840 représente seule l’accroissement imputable aux naissances dans les dix années écoulées si du chiffre de cette population âgée de moins de dix ans on déduit le chiffre des décès survenus dans la population recensée en 1830, on devra avoir l’accroissement vrai de la population par le seul fait de la reproduction. Si cet accroissement est inférieur à l’accroissement constaté par le total général du recensement, la différence représente évidemment l’élément étranger introduit dans la population c’est-à-dire l’émigration. De cette façon, on a donc à la fois le produit exact des naissances, d’où l’on peut tirer la loi de multiplication du pays ; et le produit exact de l’émigration, tandis que M. Carey ne détermine que par des conjectures ces deux élémens indispensables de ses calculs.

Il y avait en 1830 aux États-Unis, 3,427,730 enfans au-dessous de dix