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budgets qui excédaient 900 millions. Il s’en tirait par les contrastes ; il cherchait à démontrer, non qu’il dépensait peu, eu égard aux grandes choses qu’il était appelé à faire, mais que le gouvernement britannique, son émule en puissance et son principal adversaire, dépensait encore plus que lui. Le rapporteur du budget, M. F. de Beaumont, disait le 15 janvier 1810 : « Pendant les trois années 1807, 1808 et 1809, si l’on compare le budget des deux puissances, on trouvera que la dépense de l’Angleterre surpasse celle de la France de 1 milliard 304,421,000 francs ; mais il faut remarquer que dans le budget de l’Angleterre le chapitre des dépenses ne présente que celles de la guerre et de la marine, avec les subsides accordés aux puissances, et qu’on n’y trouve ni les dépenses pour les autres ministères, ni les pensions, ni la liste civile, ni la taxe des pauvres, ni les intérêts de cette dette énorme qui s’accroît chaque année. Ces dépenses sont acquittées par la taxe sur les terres, la taxe sur le revenu, l’accise et les autres impôts permanens, qui ne figurent point dans le chapitre des recettes du budget annuel de l’Angleterre. » On comprendra mieux le mérite de ce rapprochement quand on saura qu’en 1809 seulement les forces de terre et de mer entretenues par la Grande-Bretagne lui coûtèrent plus de 48 millions sterling ou de 1,200 millions de francs. N’en tirons pas cependant des conclusions trop décisives. De 1801 a 1814, l’Angleterre a certainement dépensé deux ou trois fois plus que la France ; mais elle a pu supporter cette prodigieuse dépense, grace aux progrès de sa richesse industrielle et commerciale, tandis que la France, en 1814, n’a pas pu résister à l’invasion étrangère, épuisée qu’elle était à la fois d’hommes et d’argent.

Venons à la restauration. Le budget qui résume peut-être avec la plus grande exactitude cette époque de transition est celui de l’année 1821. On avait liquidé alors la rançon de l’invasion ; le gouvernement avait triomphé des agitations intérieures, et il était à la veille de s’engager dans la guerre d’Espagne. Son existence paraissait affermie ; il allait donner cours à ses pendans naturels. Le budget de cette année est en quelque sorte un budget de principe. Voici en résumé les dépenses de 1821 ;


Dette consolidée 189,052,764 fr. Dette publique
Amortissement 40,000,000 «
Dette viagère 10,800,000 «
Intérêts de la dette flottante 6,400,000 «
Intérêts des cautionnements 10,000,000 «
Intérêts des bons à remettre aux étrangers 4,500,000 «
Pensions civiles 2,150,000 «
Pensions militaires 50,000,000 «
Pensions ecclésiastiques 10,150,000 «
Supplément aux retenues 1,664,725 « 324,667,489 fr.