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l’argent des nations étrangères. La caisse des contributions militaires fournit 67 millions en 1806, 149 millions en 1807, 133 millions en 1808, et en 1809 elle solda toutes les dépenses que la guerre commandait sur la rive droite du Rhin. En 1810, la paix étant faite avec l’Allemagne, et nos forces militaires n’étant plus occupées que par la lutte engagée avec l’Espagne et avec l’Angleterre, l’armée n’avait plus coûté que 391 millions ; le duc de Gaëte, dans un rapport adressé à l’empereur, qui figure en tête du compte de 1811, écrivait ces paroles remarquables : « Si la guerre d’Espagne restait seule à terminer,370 à 400 millions suffiraient à l’entretien de l’armée, et déjà pourrait augmenter l’extraordinaire de la marine, en diminuant même les charges des peuples. Dans le cas du rétablissement de la paix continentale, la dépense militaire devant se réduire à l’entretien du complet ordinaire de l’armée, 250 millions suffiraient à tous ces besoins et votre majesté serait en état, en opérant une nouvelle réduction sur les contributions publiques, d’affecter à sa marine jusqu’à 300 millions. »

En décomposant les dépenses de 1810 pour les rapprocher de celles de 1850, on reconnaît que la principale différence porte sur les charges de la dette publique L’empire était le gouvernement régulier de l’ère moderne ; il inaugurait les destinées nouvelles de la France, et il n’avait pas de passé. Tous les rouages de l’administration étaient neufs et sortaient en quelque sorte de la forge. Il n’y avait pas d’arriéré à liquider, pas de vieux services à récompenser ; l’administration était une armée active, qui ne comptait presque d’invalides et qui n’avait pas de cadre de réserve. Les pensions ecclésiastiques faisaient seules exception, mais elles représentaient l’indemnité offerte pour la spoliation des biens du clergé. En 1810, la dette publique, les pensions comprises, mettait à la charge de l’état une dépense de 112 millions ; cette charge dépasse aujourd’hui 402 millions.

Les frais de perception, en 1810, représentaient 14 pour 100 des sommes perçues ; en 1850, ils ne s’élèvent pas tout-à-fait à 11 pour 100. Il a donc progrès sur ce point, et l’administration de l’impôt est aujourd’hui plus économique.

Les services généraux des ministères coûtaient, en 1810, 654 millions : ils présentent, en 1850, une dépense de 753 millions ; mais les dépenses ne se distribuent pas dans la même proportion entre les divers services. En 1810, la guerre et la marine absorbent 502 millions, et il ne reste plus que 152 millions pour les services civils. En 1850, les crédits de la guerre et de la marine sont portés à 422 millions, et ceux des services civils à 326 millions. Je laisse de côté, dans ce rapprochement, les colonies que l’Angleterre nous avait enlevées en 1810, et qui ne figurent pas, par conséquent, dans les budgets de l’empire.