Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 4.djvu/464

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

impôt sont évalués à 144 millions dans le budget de 1850. Il a rendu à l’Angleterre, en 1848, près de 570 millions. Faut-il s’étonner si les frais de perception, qui représentent dans la Grande-Bretagne 6 pour 100 à peine de la recette brute, donnent en France la proportion exorbitante de 15 pour 100 ?

La dépense des services administratifs, civils et militaires, abstraction faite des travaux extraordinaires, est portée, au budget de 1850, pour 764 millions de francs. On a rapproché du chiffre de cette dépense celle que mentionne le budget anglais pour des services analogues, et qui s’élève à un peu plus de 26 millions sterling (657,393,824 francs). C’est là une comparaison vaine, car il faudrait, pour la rendre complète, y joindre le chiffre des dépenses locales et les dépenses de l’Inde, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer.

Prenons cependant les services qui peuvent être légitimement comparés entre eux. Les affaires étrangères coûtent à la France 7,125,700 fr. et 9,231,724 francs à l’Angleterre. Cette différence de 2 millions à la charge de la Grande-Bretagne ne paraîtra pas extraordinaire, si l’on réfléchit au développement des intérêts commerciaux que la puissance britannique doit protéger sur toutes points habités du globe. L’administration de la justice, chez nous, moyennant une dépense de 26 millions, descend depuis la cour régulatrice jusqu’à l’humble justice de paix, partout uniforme, égale, sûre et prompte. Dans le royaume-uni, malgré une dépense d’environ 30 millions (1,178,399 liv. st.) à laquelle on devrait ajouter celle des tribunaux inférieurs dans chaque localité ; malgré l’impôt qui est levé sur le temps des contribuables pour l’application du jury aux causes civiles, la justice est lente, incertaine et à beaucoup d’égards féodale. Deux fois par an, les juges de Westminster vont, comme les missi dominici de Charlemagne, faire ce que l’on appelle le circuit, c’est-à-dire entendre les causes dans les comtés et prononcer. Les avocats de Londres s’y transportent avec les juges. La centralisation judiciaire est ainsi contrainte de voyager pour se placer à portée des justiciables.

L’armée française, en y comprenant les troupes qui occupent l’Algérie et la gendarmerie qui fait la police du territoire national, est portée au budget de 1850 pour un effectif de 387,000 hommes. La dépense, qui embrasse encore les travaux et les services civils de l’Algérie ainsi qu’une subvention de 10 millions pour la colonisation agricole, doit s’élever à 327 millions de francs. Ajoutez les pensions militaires, et vous aurez un total de 366 millions. L’armée anglaise se compose, pour le service actif, de 138,000 hommes, dont 113,000 sont à la solde du gouvernement et 25,000 à la solde de la compagnie des Indes ; d’une police armée, espèce de gendarmerie qui maintient l’ordre en Irlande, et qui présente un effectif d’au moins 10,000 hommes ; enfin