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est rationnelle, mais à une condition que le gouvernement monarchique que n’avait pas observée : pourvu que les deux natures de dépenses ne soient pas défrayées par le même fonds, et que, si le service ordinaire trouve dans le produit de l’impôt des ressources suffisantes, le service extraordinaire s’adresse au crédit. Nous verrons plus bas si M. le ministre des finances a observé ce principe. Notons d’abord que les penses de 1850, divisées en service ordinaire et en service extraordinaire, présenteraient, sur un total de 1,591 millions, 1,488 millions pour le premier, et 103 millions pour le second. Afin de réduire les dépenses ordinaires, M. Passy propose d’annuler les rentes rachetées, Jusqu’à concurrence de 79 millions ; le budget de 1850, non compris la liste civile des travaux publics, se trouverait donc ramené à la somme de 1,408 millions, qui se distribue de la manière suivante :


Dette publique 402,678,642 fr.
Dotations 9,048,000
Services généraux des ministères 763,938,365
Frais de régie et de perception 150,999,422
Remboursemens et restitutions 82,114,384
TOTAL 1,408,776,384
Travaux extraordinaires 103,184,000
TOTAL GÉNÉRAL 1,511,960,384 fr.

En admettant pour 34 millions les crédits supplémentaires que ce budget n’a pas prévus, on voit que les dépenses peuvent s’élever, en 1850, à 1,546 millions, dont 103 au moins imputables sur les ressources du crédit. Ces charges sont lourdes ; mais, avant de rechercher les moyens de les réduire, et afin de n’en pas exagérer le fardeau, il peut être à propos de discuter la valeur de quelques rapprochemens que l’on a coutume d’établir.

On a comparé la France à l’Angleterre. On a voulu prouver à grand renfort de chiffres, que l’Angleterre, en occupant le globe, dépensait, en frais de gouvernement et d’administration, infiniment moins que la France, qui n’a que son territoire et l’Algérie à garder. Ce point de vue résulte d’un examen superficiel et incomplet. Le budget que l’on soumet chaque année au pouvoir législatif en France est le produit et l’image de cette centralisation qui embrasse tous les intérêts. Les dépenses spéciales des communes, celles des départemens et celles des colonies y figurent à côte des dépenses générales de l’état. Dans la Grande-Bretagne, au contraire, les agrégations locales s’administrent par leurs propres mains, et ne font pas rentrer, même pour ordre, leur budget particulier dans le budget des dépenses publiques. Les finances des deux pays reflètent très fidèlement la différence qui existe entre les mœurs politiques de la France et de l’Angleterre. De l’autre côté de la