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Ainsi, l’état ne demande à l’impôt, il ne retire des mains des contribuables, il n’enlève à ce fonds, que mettent en œuvre les agriculteurs les commerçans et les industriels, que les sommes qui lui sont indispensables. Il mesure les taxes aux besoins de l’administration. Il agit d’après ce principe que les capitaux qu’il laisse dans les mains des particuliers y fructifient beaucoup mieux qu’ils ne feraient dans les siennes. Comme tout impôt établi trouve sa raison d’être dans les dépenses antérieures, régler les dépenses du gouvernement sur les revenus qu’il trouve existans, ce serait proportionner en réalité ses besoins à ceux d’un gouvernement antérieur. On ferait sortir ainsi violemment, et contre le bon sens, d’égales nécessités de circonstances souvent très différentes.

Il y a sans doute une limite devant laquelle on doit s’arrêter. Les facultés contributives d’une nation ne sont pas ductiles à l’infini. En outre, la forme d’un gouvernement étant donnée, ainsi que le degré de la civilisation au sein de laquelle il se meut, une certaine somme de dépenses devient inévitable pour fournir aux frais de la police sociale : d’où il suit que les dépenses ont une sorte de niveau naturel, de même que les recettes ont leur limite, qui se prend dans la situation même du pays. Nous courons avec raison après l’équilibre du budget ; mais je sais un équilibre plus nécessaire encore et auquel on songe trop peu, c’est celui que tout bon gouvernement doit établir entre les exigences du trésor et les ressources disponibles des contribuables.

Indépendamment de ce point de vue général, les dépenses aujourd’hui excèdent tellement les revenus ordinaires, que tout examen de la situation financière doit s’attacher d’abord aux besoins réels de l’état. Le dernier budget de la monarchie, celui de 1847, dont les résultats définitifs sont placés en ce moment sous les yeux de l’assemblée nationale, porte l’ensemble des dépenses à 1,605 millions, sur lesquels la part du service ordinaire est de 1,427 millions et celle du service extraordinaire de 173 millions. Les dépenses du premier budget de la république, celui de 1848, se sont élevés à 1,770 millions, non compris l’opération relative au rachat du chemin de Lyon : — 1,609 millions pour le service ordinaire, et pour le service extraordinaire 160 millions. La loi du 19 mai évalue les dépenses de l’année 1849 à 1,572 millions, sur lesquels 119 millions représentent le chiffre des travaux extraordinaires ; mais les dépenses réelles grossies par les crédits supplémentaires dont l’assemblée se trouve déjà saisie, pourront atteindre probablement le chiffre de 1,655 à 1,660 millions.

Le budget de 1849, confondant toutes les dépenses dans un seul ensemble, effaçait la ligne de démarcation qui avait été tracée par les ministres de la monarchie entre le service ordinaire et le service extraordinaire ; M. le ministre des finances la rétablit. Cette distinction