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proportion la jeunesse studieuse se partage entre la capitale et les départemens.

En 1836[1], sur quarante collèges royaux existant et comptant tout quatorze mille quatre cent soixante-quatre élèves, les six collèges de Paris en absorbaient pour leur part un peu plus de cinq mille, c’est-à-dire plus du tiers du nombre total. Si l’on opère maintenant sur une base plus large, si l’on considère non pas seulement les collèges royaux (aujourd’hui lycées), où l’enseignement secondaire a tout son développement, mais l’ensemble de tous les établissemens d’éducation privés et publics de tous les degrés, collèges communaux, institutions, pensions, etc., les chiffres ne sont guère moins significatifs. En 1840[2], sur soixante mille et tant d’élèves recevant, dans une mesure quelconque faible ou forte, imparfaite ou approfondie, les élémens de l’instruction secondaire, l’académie de Paris en comptait dans son sein plus de douze mille, dont dix mille cinq cents au moins dans les deux seuls départemens de Seine et de Seine-et-Oise, c’est-à-dire dans Paris et dans sa banlieue. Le sixième, par conséquent, de toute espèce d’éducation lettrée, le tiers de toute éducation complète, est en fait distribué dans Paris. Ce n’est point là assurément le rapport de la population de Paris avec les populations des départemens, et, bien qu’il faille tenir compte de la supériorité de lumières naturelle aux habitans d’une capitale, bien que le nombre des familles en état et en volonté de faire bien élever leurs enfans soit proportionnellement beaucoup plus grand à Paris qu’ailleurs, il est impossible d’expliquer par ce fait seul l’énorme prépondérance d’une seule ville d’un million d’ames au milieu d’une population de trente-six. Il est clair, et c’est un fait d’ailleurs avéré, que le personnel des collèges de Paris se recrute autant dans les familles de province que parmi celles qui habitent Paris même.

Si des collèges vous passez maintenant aux facultés, il ne faut plus parler de proportion ; tout équilibre est rompu, toute mesure de comparaison disparaît Ce n’est plus le tiers ou le sixième, c’est la moitié, ce sont les deux tiers ou les trois quarts des élèves des facultés qui sont compris dans la seule académie de Paris. 800 élèves de médecine sur 1,800 ; 3,783 élèves de droit sur 4,711, suivaient en 1846. les cours des facultés parisiennes. Sur deux mille gradués reçus dans la faculté de droit pendant cette année 1846, 1,274 l’ont été dans la seule faculté de Paris[3]. C’est là ce que M. de Salvandy, dans un projet de loi remarquable

  1. Rapport de M. Saint-Marc Girardin à la chambre des députés sur le projet de loi relatif à l’enseignement secondaire, 1837.
  2. De l’Instruction secondaire, par M. Kilian, chef du cabinet du ministre le l’instruction publique.
  3. Exposé des motifs des projets de lui sur l’enseignement du droit et de médecine, par M, de Salvandy, ministre de l’instruction publique, 1847.