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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 octobre 1849.

Les vacances de l’assemblée législative ont cessé le 1er octobre. Quoi ! déjà ! Ç’a été, dit-on, le mot de beaucoup de représentans ; ç’a été aussi, à ce qu’on assure, le mot de beaucoup de fabricans, de commerçans et de marchands dans Paris et hors de Paris. On nous a même raconté à ce sujet une scène assez piquante. Dans la commission intérimaire, un jour de séance, les membres de la commission s’enquéraient de la tranquillité des esprits, et comme les rapports officiels n’étaient pas encore arrivés, un membre de la commission dit qu’il avait reçu une lettre du directeur de la police municipale. — Pouvez-vous nous la communiquer ? — Sans doute. — Dans cette lettre, le directeur témoignait de l’ordre qui régnait dans Paris. Il attribuait ce calme salutaire à plusieurs causes, mais particulièrement à l’absence de l’assemblée. Là-dessus, quelques membres de la commission et, un d’eux surtout qui avait pris part à la rédaction de la constitution de 1848, et qui, à ce titre, croyait à l’excellence des assemblées permanentes, se fâchèrent, disant que c’était une insolence. — Non, répondit le membre auquel la lettre avait été adressée, ce n’est point une insolence, puisque la lettre est toute confidentielle, et que je ne l’ai communiquée que sur votre demande ; c’est tout au plus une vérité.

Est-ce même une vérité ? Non. N’en déplaise aux trembleurs, la présence de l’assemblée législative n’est point une cause d’agitation et d’inquiétude. La est le plus grand instrument d’ordre et de salut publics que nous ayons ; mais, quoi ! on craint les divisions et les schismes, si fréquens en France : on craint cette excitation que la vie parlementaire donne aux passions, aux rivalités, aux zizanies. Notre pauvre pays a tant souffert de ce qu’on appelle la liberté, qu’il craint tout ; la discussion même lui semble avoir