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difficultés insolubles. » C’est-à-dire que la Hongrie, la Gallicie, la Craotie, la Transylvanie, la Lombardie, le grand-duché de Posen, une partie du Danemark et de la Hollande, un partie de l’Italie, doivent s’unir dans une fédération immense. Les plus ardens teutomanes de l’église. Saint-Paul avaient abandonné depuis long-temps ces audacieuses convoitises, et l’on sait que, préférant l’unité de l’Allemagne à l’étendue de son empire, ils avaient même sacrifié l’Autriche à l’accomplissement de leur rêve. Était-ce pour réveiller leur ambition que l’Autriche faisait briller à leurs yeux ce grand tableau d’une Allemagne fédérative assise au cœur de l’Europe avec ses soixante-dix millions d’habitans ? À coup sûr, toute cette partie de la note du 4 février n’était ni aussi nette ni aussi sincère que celle dont nous venons de parler. Ces gigantesques projets du cabinet autrichien firent sourire plus d’un incrédule ; ce qui ne fit sourire personne, c’est le langage si décidé de la note sur la question de l’unité, c’est cette affirmation hautaine adressé à la Prusse : L’empire d’Allemagne est impossible !

La réponse du cabinet de Berlin est une note envoyée, le 16 février, à M. Camphausen, plénipotentiaire de la Prusse auprès de l’archiduc Jean. Frédéric-Guillaume IV y continue cette politique à double jeu et ce langage à double sens que lui dictait son rôle de prétendant à l’empire. La première partie est évidemment écrite à l’intention de l’Autriche. Le ministère Brandenbourg y reconnaît avec le prince Schwarzenberg, que la constitution discutée à Francfort ne pourrait en aucun cas se passer de l’adhésion expresse des gouvernemens ; il affirme que l’étroite union établie depuis des siècles entre l’Autriche et le reste de l’Allemagne ne saurait être détruite, que la rupture de cette alliance serait pour les deux parties une cause de dommages incalculables et que, loin de relâcher ces liens, il faut les resserrer avec force. Si la régénération de l’Allemagne par l’union plus intime de tous ses membres est une entreprise laborieuse, si les rapports de chaque état particulier avec l’autorité centrale doivent présenter les difficultés les plus graves, le cabinet de Berlin ne renonce pas à l’espérance de voir un jour toutes ces difficultés vaincues ; il y renonce d’autant moins ajoute malicieusement la note, que l’Autriche elle-même a un projet sur cette question. D’autres états qui ne se sont pas encore expliqués ont sans doute aussi leurs vues particulières ; ces divers plans devront être étudiés, et la Prusse appelle de tous ses vœux cette solennelle délibération des cabinets de l’Allemagne. En attendant, ajoute la note, le gouvernement du roi de Prusse doit faire connaître un certain nombre de points qui sont la base de sa politique ; il est convaincu d’abord qu’une prompte décision est nécessaire ; il est convaincu qu’il faut sortir au plus tôt de cette situation incertaine, et que, d’une manière ou d’une autre, l’unité doit être constituée sans retard.