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L’ange qui descend et qui monte
Sur l’escalier d’or voltigeant,
La cloche mêlant dans sa fonte
La voix d’airain, la voix d’argent ;

La mélodie et l’harmonie,
Le chant et l’accompagnement,
A la grâce la force unie,
La maîtresse embrassant l’amant !

Sur le pli de sa jupe assise.
Ce soir, ce sera Cendrillon
Causant près du feu qu’elle attise
Avec son ami le grillon ;

Demain, le valeureux Arsace
A son courroux donnant l’essor,
Ou Tancrède avec sa cuirasse,
Son épée et son casque d’or ;

Desdemona chantant le saule,
Zerline bernant Mazetto,
Ou Malcom le plaid sur l’épaule ;
C’est toi que j’aime, ô contralto !

Nature charmante et bizarre
Que Dieu d’un double attrait para,
Toi qui pourrais, comme Gulnare,
Être le Kaled d’un Lara,

Et dont la voix dans sa caresse,
Réveillant le cœur endormi.
Mêle aux soupirs de la maîtresse
L’accent plus mâle de l’ami !


THEOPHILE GAUTIER.