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Comment rappeler en quelques lignes tant d’ouvrages de nature si diverse que créait sur tous les points du territoire l’activité du gouvernement, armée de la puissance du pays ? Les chiffres de la dépense peuvent du moins donner une idée de l’importance des travaux accomplis. En dehors des ressources créées par les lois de 1841 et de 1842 ces ouvrages, dont nous n’avons offert qu’une énumération bien incomplète, avaient absorbé près de 650 millions[1].

À quelles sources le gouvernement pouvait-il puiser de tels trésors ? Il les puisait aux sources intarissables de la prospérité publique. Son budget des recettes, plus riche d’année en année, suffisait à la fois à un meilleur entretien des travaux exécutés et à l’ouverture de travaux neufs. Les fonds de l’amortissement, devenus disponibles en grande partie par la constante élévation de la rente 5 pour 100 au-dessus du pair, reçurent dans ces grandes entreprises l’emploi le plus conforme à leur destination première.

L’institution de la caisse d’amortissement remonte à 1816. Cette caisse ajouta successivement à sa dotation annuelle les arrérages des rentes qu’elle avait rachetées. Grace à cette accumulation, sa puissance s’accrut rapidement. La rente 5 pour 100 avait dépassé le pair, l’état ne pouvait plus continuer à l’amortir, sans payer sa libération d’un prix supérieur au maximum de sa dette. Dès 1825, la suspension de l’amortissement sur le 5 pour 100 devint une obligation légale. La création d’une rente 3 pour 100 lui rendit toute son activité, mais elle fut presque aussitôt détournée au profit de l’indemnité des émigrés. Après la révolution de 1830, l’amortissement fut rendu à sa première destination, et il profita à tous les fonds publics, tous cotés au-dessous du pair. Cependant le crédit de l’état reprit bientôt son essor ; sauf de rares et courte intermittences, tous les fonds publics, le 3 pour 100 excepté, restèrent au-dessus du pair, et jusqu’à la révolution de février, le 5 pour 100, le plus important de tous, ne redescendit jamais au-dessous. La portion de l’amortissement qui leur était destinée dut cesser de recevoir son affectation ; elle fut mise en réserve, jusqu’à ce que la loi, qui en interdisait l’emploi primitif, lui donnât un emploi nouveau. Quel devait être cet emploi ? Le fonds d’amortissement était consacré à éteindre les dettes anciennes ; la réserve de l’amortissement fut naturellement consacrée à prévenir des dettes nouvelles. Ses ressources accumulées


  1. Budget annexe des travaux publics. Compte des finances de 1840, page 391 93,852,000 fr
    Budget extraordinaire des travaux publics. Compte des finances de 1843, page 369. 225,624,000
    Ressources ordinaires des budgets. Mémoire de M. Laplagne, page 122 328,135,000
    TOTAL 647,611,000 fr.