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PITT ET LES FINANCES ANGLAISES.

son dévouement absolu à l’intérêt public, et on attendait. Dès la rentrée du parlement, le 7 février 1786, Pitt demanda, avec un juste sentiment de ses progrès, qu’un comité fut nommé pour examiner l’état des recettes et des dépenses du pays. C’était provoquer lui-même l’examen de toute son administration. Le comité fut nommé et composé de neuf membres ; W. Grenville, cousin du ministre, en fut nommé président. Le 21 mars, le comité rendit le compte le plus favorable à Pitt et à son système. D’après le rapport présenté à la chambre des communes, voici quel devait être à l’avenir le budget normal du pays : dépenses 14,478,181 livres sterling ou 362 millions de francs environ ; recettes, 15,397,471 livres sterling ou 385 millions de francs environ, d’où résultait un excédant de recettes sur les dépenses de 919,290 liv. sterling ou près de 23 millions de francs. Ainsi, si ce compte était exact, les dépenses annuelles avaient été réduites par Pitt, en deux ans, de 18 millions sterling à 14 millions et demi, soit de 3 millions et demi sterling ou de plus de 87 millions de francs ; en même temps, les recettes avaient été portées de 12 millions et demi sterling à 15 millions et demi, c’est-à-dire accrues de 3 millions sterling ou 75 millions de francs ; c’est ainsi que le déficit de 138 millions était devenu un excédant de recettes de 23.

Dans cette évaluation des dépenses publiques, les intérêts de la dette fondée, qui n’étaient que de 8 millions sterling en 1783, étaient portés à 9,275,000 livres, par suite des consolidations successives qui avaient eu lieu depuis deux ans. En revanche, les intérêts de la dette flottante, qui absorbaient au moins un million sterling en 1783, n’étaient plus portés que pour 258,000 livres. La dette flottante avait diminué à peu près de ce dont s’était accrue la dette fondée ; c’était une transformation analogue à celle qui a eu lieu cette année en France pour les bons du trésor et les fonds des caisses d’épargne. Seulement cette transformation, accomplie avec une prudente habileté, avait grevé l’état d’une faible charge, tandis qu’elle n’a pu avoir lieu en France, sous la pression de circonstances impérieuses, qu’au prix de sacrifices considérables. Les 500,000 livres sterling d’intérêts annuels dont la dette s’était accrue en outre représentaient les intérêts des derniers emprunts conclus en 1784 et 1785. Quant aux économies, elles portaient principalement sur les dépenses militaires ; ces dépenses étaient réduites à elles seules de plus de 3 millions sterling ou 75 millions de francs. Il n’était alloué pour la marine que 45 millions de francs ; pour l’armée, que 40 millions de francs ; pour l’artillerie, que 9 millions de francs. Ainsi, toutes les dépenses militaires annuelles de l’Angleterre, marine, armée et ordnance, ne devaient pas atteindre 100 millions de francs ; c’était la moitié environ de ce qu’elles exigeaient en 1783.

Quant aux recettes, les nouveaux impôts établis par Pitt ne figuraient