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Pourquoi l’avoir oublié ? Cette composition, inspirée de Lucien est d’une couleur fort convenable pour la circonstance ; le dessin en est vigoureux et plus large que dans les autres tableaux de M. Picou. C’est précisément parce qu’elle échappe au reproche général adressé tout à l’heure à M. Picou que je me plais à la citer.

Mais voici M. Hamon qui nous montrera à quelles extrémités peuvent conduire l’amour du superflu et la recherche de l’ingéniosité. À force de naïveté et de délicatesse, M. Hamon tombe dans la niaiserie pure. À quoi sert de savoir dessiner et peindre pour produire l’Egalité au sérail, Avant déjeuner et tant d’autres déplorables chinoiseries, où brillent, dans le dessin d’une perruche, d’une tête empapillotée ou d’une babouche, tout le fini et toute la grace mignarde des artistes du Céleste Empire ? M. Hamon aurait des succès à Péking. Son Affiche romaine présente dans de plus grandes dimensions le même flou, la même touche fondue et malheureusement aussi la même puérilité dans l’ordonnance et les poses. L’art, tel que le pratique M. Hamon, n’est plus que la dernière fantaisie d’un octogénaire, se remettant à jouer à la poupée.


II. – TABLEAUX DE GENRE, PAYSAGES.

Nous sommes sortis, presque sans y songer, de la peinture historique et, chose piquante, ce sont les excès d’une petite église de raffinés en fait d’idéalisme qui nous servent précisément de transition à des œuvres inspirées par un sentiment tout contraire. Dans la peinture de genre en effet, sauf quelques rares exceptions dont M. Hamon fait partie, c’est le réalisme, un réalisme un peu brutal, qui est pour l’heure en crédit. MM. les coloristes tiennent le haut du pavé ; on les recherche, on les festoie ; en haine des imitations et du convenu, la moindre débauche de palette obtient de plein saut un renom qui n’est point accordé à des œuvres laborieusement mûries. La publicité leur vient en aide avec empressent, exalte leurs succès, et, si quelque critique s’élève, les déclare incompris. D’où plusieurs graves inconvéniens. De jeunes artistes ignorés hier, et se voyant subitement en un tour de roue portés au faîte de la faveur publique, se sont crus passés maîtres et, comme tels, dispensés de plus amples efforts. D’autres, en qui résidait le germe d’une véritable originalité ; ébloui par l’attrait de ces réputations subites, ont abandonné leur voie et fait le sacrifice de leur individualité pour courir la mode et la popularité facile. L’engouement excité par M. Diaz, par exemple, a eu plus d’une conséquence fâcheuse, et cet artiste mérite en vérité qu’on le rende responsable d’une bonne partie des erreurs dans lesquelles tombent nos néo-coloristes. M. Diaz est le père d’une foule de bohèmes de la peinture qui, s’ils formaient