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La banque de Saint-Ferdinand a été réorganisée, ses émissions sagement limitées, sa réserve métallique confiée à une administration distincte et soustraite ainsi aux fluctuations que peut subir le compte personnel des actionnaires. Des mesures sévères ont mis fin à un agiotage scandaleux, qui, par des accaparemens concertés de numéraire, avait fait hausser le change des billets jusqu’à 15 pour 100. La banque de Saint-Ferdinand, dont l’intervention n’était quelquefois qu’un embarras financier de plus, est redevenue aujourd’hui un puissant moteur de crédit. Son papier est en faveur, ses actions ont monté de 40 pour 100.

Le travail a reçu comme le crédit une impulsion bienfaisante. Les routes sont réparées, les voies d’eau s’améliorent ou s’achèvent, des chemins de fer sont commencés. La création d’un vaste ensemble de chemins vicinaux reliera bientôt toutes les parties du territoire à ces artères vivifiantes. Enfin le gouvernement poursuit en ce moment à Lisbonne la conquête de deux lignes fluviales que la nature avait ouvertes aux productions du centre et de l’ouest de l’Espagne, mais que les hasards de la politique ont fermées. Je parle du Tage et du Duero. Ces deux fleuves, qui ont leur source et la majeure partie de leur parcours en Espagne, débouchent, comme on sait, en Portugal. Le gouvernement espagnol en avait jusqu’ici vainement sollicité l’ouverture ; par un contrecoup assez bizarre de l’abaissement des tarifs espagnols, c’est maintenant au Portugal à la désirer. Ce petit pays était en effet le principal entrepôt de la contrebande anglaise en Espagne. Le trésor et les particuliers y perdent, par la réforme de M. Mon, à peu près le plus clair de leurs ressources, et tout les sollicite à chercher dans une union douanière la compensation de ce mécompte imprévu. La position tout, exceptionnelle du Portugal vis-à-vis de l’Angleterre peut seule compliquer cette question, dont la France, disons-le en passant, aurait bien, elle aussi, quelque intérêt à se préoccuper ; mais la solution finale n’est plus douteuse. Oporto et Lisbonne seront tôt ou tard des ports espagnols.

En même temps qu’il prépare des débouchés pour la production, le cabinet de Madrid la fomente. Les capitaux consacrés à des travaux d’irrigations et les terrains que vivifieront ces irrigations viennent d’être temporairement exemptés, les uns de tout impôt, les autres de tout surcroît d’impôt. L’état reboise ses domaines et oblige, sur toute l’étendue du territoire, les communes à reboiser les leurs. L’enseignement agricole enfin va prochainement pénétrer dans le plus humble village et frapper de mort ce système de jachères qui anéantit actuellement plus de la moitié de la richesse foncière du pays. Dans un autre ordre d’améliorations, l’initiative officielle n’est ni moins directe ni moins féconde. En attendant que les extinctions graduelles et l’amélioration des finances lui permettent de réformer de