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Les articles autres que la toilerie, les tissus de soie et de laine sont considérablement dégrevés. Sur ces importations qui, pour 1846, s’élevaient a plus de 100 millions de francs, la consommation gagnera au moins 10 p. cent 10,000,000
Ce qui porte le profit qui résultera immédiatement pour les consommateurs de l’établissement du nouveau tarif. C’est l’équivalent d’un neuvième de dégrèvement sur la totalité des impôts à 34,000,000 de francs

Néanmoins c’est surtout comme producteur que le contribuable gagnera à la réforme douanière. Pourquoi l’Espagne, avec son immense excédant de richesses agricoles et minérales, est-elle l’un des pays les plus pauvres d’Europe ? Parce qu’elle manquait de bras pour utiliser cet excédant et de débouchés pour le placer. La réforme douanière aura pour effet immédiat de donner au travail national les soixante-mille recrues qu’elle enlève à la contrebande, et, pour effet indirect, d’élargir tous les marchés extérieurs de la Péninsule. Sous l’ancien système, l’Espagne n’avait, officiellement parlant, aucun titre à réclamer des concessions douanières, car les productions des autres pays ne pénétraient sur son marché qu’en bravant des droits excessifs ou des prohibitions, c’est-à-dire malgré elle. Désormais les rôles se transposent. Les divers pays qui alimentent la consommation espagnole ont intérêt à ménager un débouché devenu facile, et que le gouvernement, au moyen d’évaluations différentielles, peut restreindre ou agrandir à son gré. La suppression de la contrebande, en ajoutant à la balance douanière un grand nombre de valeurs qui jusqu’ici n’y avaient pas figuré, donnera en outre à l’Espagne des droits entièrement nouveaux à la réciprocité commerciale des autres marchés.

Essayons d’évaluer approximativement la créance que le nouveau régime douanier va donner à la production espagnole sur les divers centres d’importation.


En 1846, l’excédant des importations sur les exportations était d’à peu près 22,000,000 fr.
Les tissus de coton coûtant au consommateur 30 pour 100 moins cher, la consommation s’accroîtra presque immédiatement dans la même proportion et remontera à l’évaluation actuelle de 80 millions de francs. Si l’on déduit de ce chiffre le montant des droits à percevoir par la douane espagnole, qui ne sauraient être portés au compte de l’industrie étrangère, il reste, pour la valeur réelle des cotons importés, à peu près 50,000,000

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