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son intérêt bien entendu. Au moment même où le montemolinisme aux abois faisait, en Catalogne, un suprême appel aux sympathies exaltées, le gouvernement défendait contre les orateurs exaltés le projet de dotation du clergé et du culte. La nouvelle dotation se compose du revenu des biens rendus à l’église, de la rente de la cruzada (dispense pour le maigre), de celle des commanderies et maîtrises vacantes ou à vaquer et dont le clergé lui-même aura l’administration, enfin d’un appoint que le clergé prélèvera directement sur les propriétés rurales et urbaines, au prorata et en déduction de la cote immobilière de chaque contribuable, et qu’il lui sera loisible de prélever soit en argent, soit en produits. Ce système concilie tous les droits, prévient tous les froissemens : c’est à la fois une excellente opération financière, en ce sens que l’état aliène à leur ancienne valeur vénale des biens qui, vu leur origine, n’étaient dans ses mains qu’une valeur dépréciée, — un bienfait pour le contribuable des campagnes, à qui les paiemens en nature sont beaucoup plus faciles que les paiemens en numéraire, — un allégement de responsabilité pour le fisc, puisque le clergé devient l’administrateur et le collecteur de son propre budget, et, — ce qui n’est pas moins important, — une garantie de concorde entre l’église et le gouvernement, dont les questions de salaire auraient aigri tôt ou tard les rapports. Un dernier point reste à régler : celui de l’organisation même du clergé. Une loi vient de donner au gouvernement plein pouvoir de se concerter à cet effet avec la cour de Rome, et la solution ne peut soulever aucune difficulté sérieuse. L’expédition de Gaëte, d’une part, a confirmé le saint-siège dans ses intentions bienveillantes. L’unité de croyance religieuse, d’autre part, en écartant ici le thème si épineux de la liberté de conscience, rend le gouvernement de très bonne composition en ce qui touche aux rapports de l’église et de l’état. Tout se réduit à combiner la question d’économie, devenue facile par suite des extinctions nombreuses qui ont eu lieu dans le personnel ecclésiastique depuis quinze ans, avec les exigences que permettent au culte catholique les précédens et les mœurs du pays. La modification des circonstances ecclésiastiques, qui, sur certains points du royaume, sont beaucoup trop multipliées, conciliera ces deux intérêts. L’église espagnole ne peut pas espérer sans doute de reconquérir son ancienne position, mais elle accepte loyalement cette nécessité : ses membres les plus éminens sont les premiers à appuyer de leur concours, à provoquer même par leurs conseils les mesures de transaction qui peuvent hâter le règlement de la question religieuse. Et, d’ailleurs, à qui pourrait-elle demander mieux ? Serait-ce à l’absolutisme ? Vaincu à Bergara, il s’est suicidé à Londres par les incartades démocratiques du nouveau prétendant. Serait-ce à l’idée démocratique elle-même, à je ne sais quel système