Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/480

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHENU.

Tiens ! brigand, oppresseur du peuple ! (Il frappe.)

LES AUTRES.

Tiens ! tiens ! (Tous frappent. Le Vengeur tombe percé de cent coups.)

GALUCHET.

Mes amis, le tyran est mort ! Souvenez-vous que c’est moi qui l’ai tué ! Nous sommes libres ! Vive la paix ! vive le commerce ! vive le plaisir ! vive l’empereur ! (À Chenu.) Vite, en parlementaire aux avant-postes ! et n’oublie rien de ce que tu dois dire. (Ils sortent. Presque au même instant le père Alexis franchit la barricade.)


XVI.


LE PÈRE ALEXIS.

Grand Dieu ! grand Dieu ! juge terrible ! c’est assez de colère ; miséricorde, ô mon Dieu ! (Il aperçoit le Vengeur.) Voici l’homme qu’on vient de massacrer. Voyons s’il respire encore. (Il s’approche du Vengeur, le relève et l’assied près d’un mur.) Mon frère ! mon frère !

LE VENGEUR, avec effort.

Qui es-tu ?

LE PÈRE ALEXIS.

Je suis prêtre, et je viens vous ouvrir le ciel.

LE VENGEUR

Il n’y a pas de ciel pour moi.

LE PÈRE ALEXIS.

Qui que vous soyez et quoi que vous ayez fait, le ciel ne se fermera pas à votre repentir.

LE VENGEUR

Laisse-moi, je suis le Vengeur, et je ne veux pas me repentir. (Il meurt.)

LE PÈRE ALEXIS.

Malheureux ! le seul vengeur est là-haut ; tu n’étais que la vengeance ! (Il ferme les yeux du cadavre, prie un moment et s’éloigne.)


Louis Veuillot.