Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/469

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
463
LE LENDEMAIN DE LA VICTOIRE.

est à deux coups : l’un pour l’ennemi qui te serrerait de trop près ; l’autre, en cas de nécessité, pour toi-même, si le cœur t’en dit.

LE CONSUL.

Ah ! mon Dieu ! ah ! mon Dieu !

LE SECRÉTAIRE.

Il n’aura pas même le courage de fuir.

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Observe un curieux phénomène : il maigrit à vue d’œil. Jamais il ne pourra nous suivre. Laissons-le là.

LE SECRÉTAIRE.

Encore une fois, veux-tu tenter de te sauver avec nous ?

LE CONSUL.

Mes amis, mes amis, vous allez me compromettre.

LE SECRÉTAIRE.

Silence ! (Au ministre des affaires étrangères.) Tiens-toi prêt. Tu vas voir donner un joli coup de couteau. J’ai pris des leçons d’un Italien… (Il ouvre la porte ; le soldat l’arrête.) Je ne suis pas le consul, moi, je puis sortir.

LE SOLDAT.

Ni toi, ni un autre.

LE SECRÉTAIRE.

J’ai un laissez-passer.

LE SOLDAT.

Je m’en moque.

LE SECRÉTAIRE.

Appelle ton officier. (Le soldat se retourne. Il est frappé et tombe. Le ministre et le secrétaire se sauvent. Des gens armés accourent. Ils trouvent le soldat mort et le consul évanoui.)


XI.

Une église convertie en prison.


SIMPLET.

Aie ! aie ! Oh ! la, la ! mon rhumatisme !

UN SAVANT.

Que ce pauvre diable est importun !… Prenez patience, mon ami.

SIMPLET.

Je crie, je ne me plains pas. J’ai mérité la douleur, je l’accepte… Aie ! aie ! quel froid !

UN SAVANT.

C’est vrai. (Il s’enveloppe de son manteau.) Mais, mon ami, comment croyez-vous avoir mérité la douleur ?

SIMPLET.

En faisant le mal.

UN SAVANT.

Vous m’étonnez. Qu’appelez-vous le mal ?

SIMPLET.

Vous m’étonnez aussi. Connaissez-vous la religion catholique ?