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LE LENDEMAIN DE LA VICTOIRE.

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Ils compromettent ailleurs les secrets de la république.

LE CONSUL.

J’aviserai.

LE MINISTRE DE l’INSTRUCTION PUBLIQUE.

Prends garde aux intrigans.

LE CONSUL.

La parole est au ministre de la marine.

LE MINISTRE DE LA MARINE.

Je n’ai rien de bien important à communiquer. Le vieil amiral Guillaume, convaincu d’incivisme, a été exécuté par jugement de la nouvelle commission martiale instituée pour épurer les cadres de la marine. Deux vice-amiraux, trois capitaines de vaisseau et plusieurs autres ci-devant officiers sont poursuivis pour le même crime. La commission fonctionne avec énergie et activité. Les nouveaux officiers, élus par leurs camarades, font preuve d’une ardeur républicaine qui ne laisse rien à désirer. Cependant l’esprit d’insurrection continue de se manifester à bord de plusieurs bâtimens. Je propose d’y envoyer des détachemens de la force ouvrière…

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

On parle d’un sinistre ?

LE MINISTRE DE LA MARINE.

Oui ; le citoyen Cancro, qui s’est montré si dévoué à la cause sociale sous l’ex-tyrannie, a éprouvé un malheur. Rentrant au port après une petite excursion sur les côtes, il a perdu son bâtiment. Néanmoins la capacité de Cancro est incontestable comme son civisme. Je le connais. Il a été mon collaborateur au Brûlot. Il doit son grade au suffrage universel.

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Il a tout de même perdu son navire. Je demande que Cancro soit mis en jugement.

LE MINISTRE DE l’INSTRUCTION PUBLIQUE.

Je demande que le ministre des affaires étrangères, qui se fait ici l’accusateur des meilleurs citoyens, et qui ne prend plus la peine de déguiser ses tendances modérantistes, soit lui-même décrété d’accusation.

LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES.

Que mes collègues me délivrent de leur compagnie ! J’aime mieux servir la république dans ses bagnes que dans ses conseils.

(Plusieurs ministres se lèvent avec impétuosité et interpellent le ministre des affaires étrangères en lui montrant le poing. D’autres s’interposent.)
LE CONSUL.

Du calme, au nom de la patrie ! La parole est au ministre de la guerre.

LE MINISTRE DE LA GUERRE.

Citoyens, je ne vous dirai pas que ça va chez nous comme sur des roulettes, mais ça va comme sur l’eau ; autrement dit pas trop bien, pour être franc et sincère, suivant la devise du troupier. Nous abattons tous les jours la graine d’épinards et nous en faisons pousser d’autre à vue d’œil. Si c’est bon, c’est