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REVUE DES DEUX MONDES.

EULALIE.

Pourrai-je avoir une audience ?

FRITZ.

Madame la comtesse voit combien de gens attendent. Quelques-uns sont assez importans. Madame la comtesse me permet-elle une question ?

EULALIE.

Très volontiers.

FRITZ.

Est-ce que madame la comtesse a extrêmement besoin de parler à ce Galuchet ? Il est d’une insolence effroyable.

EULALIE.

J’ai une grâce à lui demander.

FRITZ.

Hélas ! madame, quand même il vous l’accorderait, je vous plains. Voir un pareil misérable dans le cabinet de M. le comte, à la place où M. le comte s’asseyait, avec une de ses robes de chambre sur le dos ; le voir là, dans cette maison, jadis si pure, entouré de va-nu-pieds, d’actrices et d’autres femmes qui parlent en public, quelle épreuve pour vous !

EULALIE.

Je pensais bien trouver le général Galuchet au milieu de ses amis. Quant à le voir dans cette maison… que la volonté de Dieu soit faite !

FRITZ, bas

Avez-vous des nouvelles de M. le comte ?

EULALIE.

Pas d’autres que celles qui courent.

FRITZ.

Si nous pouvions le rejoindre !

EULALIE.

Je ne puis abandonner mes parens, et l’intérêt de plusieurs orphelines que mon travail fait vivre me retient ici. C’est là ce qui m’amène auprès du général. On nous persécute ; j’ai besoin de sa protection. A-t-il pitié des pauvres ?

FRITZ.

Lui ! Pas un pauvre n’a mis le pied dans cette maison depuis que vous l’avez quittée. Quelques-uns des anciens sont venus, mais insolens comme le maître, et revêtus des dépouilles de leurs bienfaiteurs. Que madame la comtesse prenne garde d’en rencontrer un, si elle a intérêt à n’être pas reconnue.

EULALIE.

Commencez donc par ne plus m’appeler madame la comtesse.

FRITZ.

Mille pardons ! Ça fait tant de bien de parler un peu honnêtement !

EULALIE.

Vous annoncerez la citoyenne Dupuis, maîtresse de salle d’asile, qui vient présenter une pétition au général Galuchet.

FRITZ.

Grand Dieu !… Mais, madame, s’il vous insulte ?