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théories hautaines du comité Dahlmann. Qui sait cependant si ce ne serait pas là le plus sage conseil, et s’il ne faudra pas y revenir ? Ordinairement les discours de M. de Gagern avaient le privilège de fermer les discussions ; M. le vice-président. Simson met la clôture aux voix. Trente ou quarante membres se lèvent. L’homme d’état populaire devant qui tous les partis s’inclinaient, le plus grand orateur du parlement semble avoir perdu son prestige pour avoir voulu sauver la vieille monarchie des Habsbourg.

On avait refusé de clore la discussion, dans la crainte d’accorder à M. de Gagern les apparences d’une victoire ; la discussion, toutefois, était vraiment épuisée, et il n’y parut que trop à la séance du lendemain. Trois orateurs, M. Riehl, M. Maifeld et M. Wurm, prononcèrent d’insignifiantes paroles au milieu de l’inattention générale. Enfin, M. Gustave Riesser, un des trois rapporteurs, monte à la tribune, résume le débat, repousse une à une les principales objections présentées, celles de M. de Gagern particulièrement, et reproduit, aux applaudissemens de l’assemblée, les motifs et les conclusions de la commission. M. de Gagern, qui a élevé tout un système en face du système de M. Dahlmann, a craint d’être gêné dans la direction des votes ou de nuire à la liberté de l’assemblée ; c’est M. Simson qui occupe le fauteuil. Une foule d’amendemens déposés sur le bureau sont lus par le président et écartés tour à tour. Après ce travail préliminaire, le § 2 est adopté par 340 voix contre 76. Presque tous les députés de la droite, MM. de Vincke, de Flottwell, de Bally, Schwerin, de Beisler, de Rothenhan, Gombart, de Wedemeyer, Detmold, se sont levés contre. Parmi les opposans des autres partis, on remarque MM. Henri de Gagern, Gfroerer et Bassermann. Une nouvelle série d’amendemens et de sous-amendemens vient défiler à la tribune pour être également repoussée ; le § 3 est voté par 316 voix contre 90. L’assemblée et les galeries applaudissent aussitôt, comme si elles avaient remporté une victoire qui dût assurer à jamais l’unité de la patrie. Hélas ! cette unité si attendue, c’est précisément par là qu’elle deviendra impossible, et ces deux trois lignes saluées par tant de bravos comme la fin des embarras de l’Allemagne, ne sont que le commencement de difficultés insolubles, le signal d’une longue guerre intérieure, l’arrêt de mort du parlement national.

Après l’adoption des § 2 et 3, les § 4, 5 et 6 devaient être votés sans peine. Il y est dit que le souverain d’états allemands et non allemands devra résider dans la capitale de ses états allemands ou y établir une régence Aucun souverain étranger ne peut devenir souverain d’un état allemand et aucun souverain allemand ne peut, sans renoncer à ce droit de souveraineté, accepter une couronne étrangère. Enfin, les états allemands particuliers conservent leur indépendance,