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des frontières du duché de Posen seront l’objet ultérieur d’un arrangement définitif. » Un membre de la commission, M. Schreiner, propose d’ajourner la discussion de cet article jusqu’à ce que les négociations concernant les duchés danois soient tout-à-fait terminées et qu’il y ait une conclusion certaine aux guerres intérieures de l’Autriche. Cette proposition est repoussée, et les débats sont ouverts. Aussitôt une foule de propositions, d’amendemens et de sous-amendernens envahissent le bureau. Je remarque surtout la prétention de plusieurs députés de la gauche, MM. Schloeffel, Titus, etc., qui veulent détruire d’un trait de plume toutes les souverainetés de l’Allemagne et proposent simplement de diviser l’empire en vingt-une provinces d’une importance égale, sans s’inquiéter ni des rois ni des peuples. MM. Schloeffel et Titus oublient qu’on n’imite pas si aisément notre histoire. Quand la constituante de 89 détruisit les circonscriptions provinciales, elle achevait une révolution commencée depuis des siècles, elle couronnait l’œuvre de Louis XI, de Richelieu et de Louis XIV. Je ne me souviens pas que le parlement de Francfort ait eu de pareils ancêtres. Cette différence fondamentale entre les deux peuples doit amener aussi des contrastes sans nombre dans les résultats de leur développement. L’histoire de France est une révolution continue dont les événemens de 89 ne font que réaliser les principes au milieu d’une explosion terrible. Ce qu’il y avait de sacré dans ce prodigieux tumulte, ce qui a mérité de survivre et qui ne périra plus, tout cela était préparé par six cents ans d’efforts instinctifs et de patience invincible. C’est ainsi qu’il a suffi d’un décret de quelques lignes pour constituer l’unité de la France. L’histoire de nos voisins, au contraire, s’oppose à une révolution de ce genre ; il y a là non-seulement ces provinces qui chez nous en 89, n’existaient plus que de nom, il y a des royaumes entiers, il y a des peuples avec leur esprit distinct, avec leurs antipathies profondes, et ce ne seront ni les décrets des démagogues ni les systèmes des rêveurs qui assureront du jour au lendemain l’unité de toutes ces Allemagnes.

Un amendement moins ambitieux, quoique très grave encore, est présenté par M. Claussen, et devient le sujet d’une controverse fort embrouillée. M. Claussen ne veut pas qu’on paraisse douter de l’annexion définitive du duché de Schleswig à l’empire d’Allemagne ; c’est bien assez, dit-il, d’ajourner, comme pour le duché de Posen, les traités relatifs aux frontières. L’amendement de M. Claussen est le point de départ d’une discussion qui confond avec beaucoup de désordre la question danoise, la question polonaise et le partage démocratique de l’Allemagne. M. Charles Hagen demande encore la division de l’empire en vingt-une provinces ; M. Jordan (de Berhin) renouvelle ses rudes attaques contre la Pologne et attire à la tribune un Polonais. M. Libelt, qui essaie une tardive et inutile protestation contre l’accaparement du