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grès, et depuis dix-huit mois cette diffusion de lumières et de bien-être, sans cesse élargie pendant dix-huit ans, si bien décrite par M. de Lamartine lui-même, s’est arrêtée ; — au nom de l’affranchissement des nationalités étrangères, et aujourd’hui toutes les ambitions prématurées que la révolution de février avait allumées au sein des peuples ont échoué dans leurs propres excès ! Que reste-t-il de l’œuvre à laquelle M. de Lamartine s’était associé ? Il reste le nom de la république ; mais la conspiration permanente qui couve au fond de notre société croit que ce nom conspire pour sa cause ; mais à la tête de la république est l’héritier du grand homme dont M. de Lamartine poursuit la mémoire d’une haine irréconciliable ; mais la république a pour président celui contre lequel M. de Lamartine portait, il y a un an, une loi d’exil ; mais cette république enfin n’est devenue un gouvernement sérieux que lorsqu’elle a été entre les mains des hommes que M. de Lamartine, d’après son propre aveu, avait le désir de distancer et de supplanter au 24 février, des hommes enfin contre lesquels il a fait la révolution ! Quant à nous, nous ignorons les destinées réservées à cette république ; seulement nous espérons, en songeant que dans l’enchevêtrement mystérieux des choses humaines la Providence fait souvent sortir le bien du mal. Quoi qu’il arrive, le caractère politique de M. de Lamartine est jugé : comme les grands acteurs de notre épopée révolutionnaire, il a eu son jour. Le lendemain de ce jour est maintenant commencé pour lui, et l’avenir de sa carrière appartient à la Némésis que les hommes d’état engendrent eux-mêmes au sein de leurs erreurs et de leurs fautes.

Eugène Forcade.