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REVUE DES DEUX MONDES.

puisque c’est toi qui as tué le général, je te le donne. Promène-toi dans Paris, et raconte partout toi-même la victoire de l’enfant du peuple.

CRIS DANS LA FOULE.

Vive Galuchet ! Vive le Vengeur ! À mort les aristos !

GALUCHET.

Si vous doutez de ce que je vous dis, citoyens, voici les épaulettes du général, voici ses décorations, voici sa ceinture d’or, voici son épée…

RHETO, à part.

L’épée qui a brillé dans vingt batailles !

GALUCHET.

Et voilà sa tête. N’est-ce pas, l’ancien, que je dis la vérité ?

(L’homme qui porte la tête l’incline devant Galuchet. Rires et hurrahs.)
GUYOT, à Rheto.

Ce galopin-là n’a pas les nerfs si sensibles que nous.

RHETO.

C’est horrible !

GUYOT.

Ne te fais pas remarquer.

GRIFFARD.

Citoyens, au nom des défenseurs de cette barricade, je demande que le jeune et héroïque Galuchet veuille bien donner l’accolade fraternelle à notre chef, le citoyen Rheto, dont vous connaissez tous le patriotisme et les talens.

GUYOT.

Bravo ! vive Galuchet ! vive Rheto ! Tambour, un roulement. Portez armes ! présentez armes !

GALUCHET, regardant Rheto.

Tiens ! la bonne farce ! c’est mon aristo de rédacteur en chef. Tu vas passer au second plan, blagueur ! (Il descend de son fauteuil, et Rheto l’embrasse. Applaudissemens.)

GALUCHET.

Citoyens, pour finir la séance, je vous prierai de vouloir bien entendre un refrain patriotique et divertissant de mon honorable ami Barnabé Chenu, pour lequel je solliciterai vos suffrages aux prochaines élections. Ce n’est pas long, mais c’est du chenu. En avant, Barnabé !

BARNABÉ CHENU.

Citoyens, c’est sur l’air de Larifla. Excusez si ma voix est un peu fatiguée. (Montrant son fusil.) J’ai joué de la clarinette, et ça essouffle. Hum ! hum !

L’aimable Galuchet
Fait l’aimable projet
De s’régaler tantôt
De têtes d’aristos.
     Larifla.
Riches et calotins.
Ignobles Malthusiens,
Cessez tous vos forfaits,