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anéantit lui-même son ouvrage : il abolit avant sa mort tous les décrets qui devaient en si peu de temps, et sans le concours des volontés nationales, faire table rase et transformer le pays. La constitution transylvaine fut rétablie ; la tentative imprudente de Joseph II n’avait réussi qu’à lui rendre une nouvelle vie. Les députés de la diète de 1791 réclamèrent avec énergie la confirmation des droits et des garanties qu’on avait voulu détruire ; le diplôme Léopold, qui, avant Joseph II, tombait peu à peu en désuétude, reçut une consécration solennelle. Quelques détails sur cette diète, extraits des procès-verbaux, en donnant une idée des procédés et de l’allure de ces assemblées, me permettront d’abréger le récit de celles qui ont suivie.

La diète se réunit à Hermanstadt au mois de décembre 1790. Le successeur de Joseph, Léopold II, avait voulu aller au-devant des récriminations et des griefs qu’il était facile de prévoir. Le commissaire royal, chargé d’ouvrir la diète, s’empressa de promettre le maintien de la constitution transylvaine. Il s’engageait, après avoir reçu, au nom de l’empereur, l’hommage des états, de prêter serment à son tour, comme commissaire royal, à la constitution et au diplôme Léopold. Les choses ne devaient point se passer si facilement : l’assemblée protesta qu’elle était prête à rendre l’hommage au prince ; mais, se rappelant, ajoutait-elle, « les tristes atteintes qu’avait reçues la constitution sous le règne précédent, elle devait déclarer hautement qu’elle ne prêtait cet hommage que sous la réserve que la constitution et notamment tous les privilèges accordés aux trois nations souveraines et aux quatre religions d’état seraient religieusement maintenus, que c’était à cette condition et sous cette réserve expresse qu’elle offrait l’hommage accoutumé. » y eut de longues négociations pour faire rejeter ou modifier la déclaration des états. Il fallut, après beaucoup d’hésitations, accepter leur volonté et passer sous les fourches caudines. Les député ne prêtèrent serment que sous la réserve qu’ils avaient exigée : une loi spéciale imposa au souverain l’obligation de jurer fidélité, lors de la cérémonie de son inauguration, au diplôme Léopold[1].

Ainsi renouvelée, rajeunie et consacrée par de mutuels sermens, cette constitution fut observée de part et d’autre jusqu’à l’année suivante. La diète fut convoquée à l’époque régulière, au printemps de 1792. Les guerres où l’Autriche se trouva à cette époque engagée contre la France permirent au gouvernement impérial de ne tenir aucune des promesses qui lui avaient été arrachées. Le mouvement et l’ardeur des esprits étaient ailleurs ; on ne voit pas que des réclamations très vives

  1. Le préambule contenait ces expressions remarquables : « En conséquence et nous appuyant avec confiance tant sur les paroles royales que sur nos propres déclarations ci-dessus, nous jurons : — nos quoque tam benignis sponsionibus regiis, quam vero praeviis nostris declarationibus firmiter innixi… » (Art. Dioetales.)