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il faut mettre au premier rang un penchant invétéré à l’opposition, une obstination tranquille, qui combinée avec les qualités de la nation, rappelle assez bien le caractère breton. Un Transylvain naît naturellement dans l’opposition ; il a cependant choisi lui-même son gouvernement, et ce gouvernement le gouverne bien peu : n’importe il est ainsi fait, et il ne nous appartient pas de nous en étonner trop. Enfin, si son esprit s’est laissé prévenir, s’il s’est formé de son droit ou de son devoir une idée injuste ou exagérée, rien ne le fera revenir. Un éclair de vérité viendrait à l’illuminer tout à coup, que je ne sais quel absurde point d’honneur l’engagerait encore à persister dans son erreur. Cette fatale disposition a contribué sans doute, autant que la situation géographique du pays, à fomenter les troubles qui l’ont sans cesse agité, et à nourrir ces guerres civiles qui reparaissent encore aujourd’hui dans son histoire.

L’opposition des Transylvains éclata dés les premières diètes qui suivirent la réunion à l’Autriche. Il n’y eut même pas de lune de miel. À la révolte à main armée du dernier Rakoczy succéda une opposition factieuse et menaçante. Cette agitation obligeait l’empereur à maintenir à grands frais des troupes allemandes dans la principauté. Nouveau grief ! le diplôme Léopold n’avait-il pas promis leur éloignement ? Les tributs n’avaient point diminué, le seul se payait plus cher qu’au temps des Turcs ; les hongrois reprochaient au gouvernement sa partialité pour les Saxons. Des querelles entre les différentes religions d’état, à propos de la propriété des églises et des dîmes dans les districts passés au protestantisme, aigrissaient encore les esprits. La guerre qui s’était renouvelée entre les Turcs et l’empire, un fils du prince Rakoczy que la Porte promenait sur les frontières de la Transylvanie, tout semblait devoir conduire ces troubles à une explosion prochaine. Les victoires du prince Eugène et la paix de Passarowitz, plus tard enfin la paix de Belgrade (1739), vinrent raffermir la domination autrichienne.

En 1722, la diète avait accepté la pragmatique sanction qui étendait à la ligne féminine impériale le droit de succession à la couronne. En 1740, Marie-Thérèse monta sur le trône. Elle trouva en Transylvanie la même fidélité et le même enthousiasme que dans son royaume de Hongrie. Il est des momens, trop rares dans l’histoire, ou les peuples et les souverains sont contens les uns des autres et s’aiment sans arrière-pensée. La diète tenue à Hermanstadt en 1744 fit éclater les sentimens d’enthousiasme du pays pour la nouvelle souveraine. On décréta un impôt extraordinaire et la levée de l’insurrection en masse pour résister à la coalition formée contre l’impératrice. Des institutions importantes datent des premières années du règne de Marie-Thérèse. Les frontières militaires reçurent l’organisation habile et féconde qu’elles conservent encore de nos jours. La législation sur les mines, une des