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nommés directement par le prince, et qui vont le représenter à la diète à côté des députés élus par les trois nations souveraines. Ce sont en quelque sorte les plénipotentiaires de ce quatrième souverain ; l’empereur, des pairs par commission et pour la durée d’une session, qu’il en existe dans quelques états de l’Allemagne. Nulle restriction n’est imposée au choix du prince. Il suffit que les régalistes soient nobles et possessionnés dans la principauté, et, par ce qui a été dit de la noblesse chez les Hongrois et surtout chez les Széklers, on juge si la condition est gênante. Point de limite pour le nombre : on peut, pou r me servir du terme reçu, faire des fournées selon les besoins et la nécessité du moment. On voit qu’à la diète dont nous donnons le tableau, le nombre des députés régalistes dépassait celui des députés ordinaires. Il semble au premier aspect qu’il y ait là un ressort de gouvernement qui rende tout le reste de la machine assez inutile. Les députés sont mauvais, on aura de bons régalistes ; les voix se déplacent, vite un renfort ministériel. Le calcul serait infaillible si les hommes n’étaient que des chiffres, et si les affaires humaines se traitaient par les procédés algébriques. Les choses ne vont pas ainsi ; nous verrons quelles résistances le gouvernement impérial a constamment rencontrées dans les diètes de la part des régalistes. L’institution imaginée pour donner de la force au pouvoir exécutif a tourné tout entière au profit de l’élément aristocratique. Peu à peu certains seigneurs, la plupart des magnats, ont été, par une sorte de tradition, investis de ce mandat de régaliste. À l’ouverture des diètes, le gouvernement craignait, en ne leur adressant pas les lettres closes ordinaires, de paraître se séparer des hommes influens et redouter leur opposition. On convoquait donc sans triage les opposans des dernières assemblées. De là une autre conséquence, et qui a eu des suites graves pour l’union des trois nations souveraines, dont l’égalité s’est trouvée bientôt altérée dans la pratique. Les Saxons ne fournissant pas de régalistes, les Széklers et les Hongrois ont fini par acquérir une prépondérance oppressive dans les diètes.

La régence (gubernium regium) est le conseil supérieur de gouvernement institué par Léopold, et dont l’origine remonte au temps du second Apafy : c’est le pouvoir exécutif. La régence n’en fait pas moins partie intégrante de la diète, et comme la plupart des décisions de l’assemblée ont besoin, pour être exécutées, de son concours, la majorité est souvent obligée de se concerter et de parlementer avec ce conseil supérieur. C’est ce qui explique comment quelques publicistes anciens ont pu voir dans cette institution une seconde table, une sorte de chambre des magnats ; il n’en est rien, au moins depuis la diète de 1791 : les conseillers de la régence font partie de la diète et votent comme les simples députés ; ils sont au nombre de seize, et résident à Hermanstadt, quand la diète n’est pas assemblée.

La constitution transylvaine a pris des précautions qui sembleraient