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traîtres envers sa liberté et son honneur ; 2° cette déclaration sera portée dans le plus bref délai à la connaissance de la nation allemande ; 3° une députation se rendra demain à l’église Saint-Paul pour signifier cet arrêt à la majorité. »

Une bataille était donc annoncée pour le lendemain ; les troupes hessoises firent des patrouilles pendant la soirée et maintinrent l’ordre. La nuit fut calme. Avant le lever du jour, trois mille hommes de troupes prussiennes et autrichiennes, sur l’ordre du pouvoir central, arrivaient de Mayence par le chemin de fer, et occupaient les abords de Saint-Paul. La séance de l’assemblée commença de bonne heure ; les députés de la gauche, selon l’habitude, protestèrent contre la présence des troupes qui menaçaient, disaient-ils, la liberté parlementaire. Si la gauche, dans tous les pays, fait volontiers appel aux armes, elle s’indigne toujours que la société entende ce cri, et qu’elle sache y répondre. L’ordre du jour fit justice de ces hypocrisies. Dès le début de la séance, M. de Schmerling écrivit au président que M. Dahlmann et M. de Hermann, tour à tour chargés de recomposer un ministère, ayant renoncé à cette tâche, le ministère de l’empire reprendrait ses fonctions jusqu’au parfait rétablissement de la tranquillité publique. Bientôt les délégués qui vont porter au parlement la déclaration des clubistes sont arrêtés par les Prussiens ; on croise la baïonnette, et quatre hommes sont blessés. C’est le signal de la lutte. En un instant, les barricades s’élèvent et le feu commence ; il est deux heures. La troupe est maîtresse des grandes rues et des places ; une partie de la vieille ville, avec ses rues sombres et tortueuses, est au pouvoir de l’insurrection. Les troupes s’élancent, et, bravant la fusillade des fenêtres, elles emportent d’assaut les positions de l’ennemi. Le canon est braqué à l’entrée de la vieille ville ; les barricades les plus menaçantes sont renversées par les boulets. Il est facile de prévoir que le combat ne durera pas long-temps, les insurgés ont peu d’armes à feu ; vainement ont-ils pillé un armurier, la plupart d’entre eux sont armés de haches, de crocs, de pioches, de vieilles arquebuses rouillées, d’instrumens et d’outils de toute espèce. Leur fureur n’en sera que plus grande ; malheur à qui tombera dans leurs mains ! Vers cinq heures, les députes de la gauche, réunis à l’hôtel d’Allemagne, envoient une députation au vicaire de l’empire ; ils demandent que les Prussiens sortent de la ville, et aussitôt, ils s’en portent garans, les barricades seront abandonnées. L’archiduc Jean semble prêt à céder, mais le ministère repousse toute condition ; force doit rester à la loi. On accorde seulement, par humanité, un armistice d’une heure, pour laisser le temps de la réflexion à ces malheureux égarés. À six heures, la lutte recommence sur plusieurs points. Alors un décret signé de M. de Schmerling déclare la ville en état de siége et proclame La loi martiale. Des troupes