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enfin, à souffler le feu de la guerre au nord et au sud, à l’est et à l’ouest des états germaniques.

On sait que les frontières de l’Allemagne ne sont pas nettement définies. Il y a tout autour de ce pays des provinces à la fois allemandes et non allemandes, les unes appartenant à des souverains allemands et indépendantes de la confédération germanique, les autres faisant partie de cette confédération et obéissant à des souverains étrangers. Les duchés de Limbourg et de Luxembourg sont compris dans la confédération germanique, bien qu’ils appartiennent au royaume de Hollande ; il en est de même des duchés de Holstein et de Lauenbourg, qui appartiennent au Danemark. Au contraire, le grand-duché de Posen fait partie des états prussiens et reste indépendant de la confédération, de même que les pays hongrois et polonais de la monarchie autrichienne, Hongrie, Transylvanie, Croatie, Gallicie, etc., dépendent du gouvernement établi à Vienne, mais non de celui qui siège à Francfort. C’est sur tous ces points que l’assemblée portera ses prétentions. Ces frontières indécises, elle voudra les fixer nettement, et pour cela elle décidera que l’empire doit absorber les provinces que je viens de nommer. Le teutonisme publia hautement, dans cette circonstance, l’orgueilleuse naïveté de son ambition. Ses principes étaient clairs ; toute province où l’on parle allemand doit être rattachée à la grande patrie ; tout pays étranger soumis à une puissance allemande doit aussi, tôt ou tard, appartenir à l’empire. Ainsi cette loi des nationalités qu’on invoque contre le Danemark pour s’emparer du Schleswig, on la viole contre les Polonais pour conquérir le duché de Posen. On parle de droit naturel, on invoque la liberté des races, on s’apitoie éloquemment, sur les membres dispersés de la famille allemande ; qu’y a-t-il au fond de ces vertueuses colères ? — Une ambition jalouse, inquiète, impatiente, qua s’étale plutôt qu’elle ne se cache sous une maladroite hypocrisie.

Voyez l’assemblée à l’œuvre ! Par suite du traité d’avril 1939, le duché de Limbourg a été annexé à la confédération germanique en échange de la partie occidentale du grand-duché de Luxembourg, cédez à la Belgique. Depuis cette annexion à l’Allemagne, le duché de Limbourg n’a pas cessé néanmoins d’être régi par la constitution hollandaise. Le Limbourg envoya donc deux représentans à Francfort, tandis que trois autres députés siégeaient à La Haye, aux états-généraux du royaume de Hollande. Assurément, la situation du duché de Limbourg était étrange, et ces députés envoyés les uns à Francfort, les autres à La Haye, révélaient dans le sein de cette province la présence de deux populations hostiles. Ce n’étaient pas des Allemands, à coup sûr, qui avaient envoyé trois députés à la chambre hollandaise. Qu’y avait-il à taire pour des gens qui venaient de proclamer si haut le droit imprescriptible des nationalités ? Le cas eût été embarrassant pour un