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la guerre, sur les traités avec les puissances étrangères, le directoire fédéral ne peut rien décider sans le concours de l’assemblée nationale, 5° L’œuvre de la constitution est et demeure soustraite à l’action du directoire. 6° Le directoire exerce sa puissance par des ministres qu’il nomme et qui sont responsables devant l’assemblée. Tous les arrêtés du directoire ont besoin, pour être valables, de porter au moins la signature d’un ministre. 7° Les ministres ont le droit d’assister aux délibérations de l’assemblée nationale et d’être entendus quand ils le demandent, mais ils ne peuvent prendre part au vote que s’ils sont membres de l’assemblée. Au contraire, les fonctions de membres du directoire et de député au parlement sont incompatibles. 8° Dès que la constitution allemande sera achevée et mise en vigueur, les fonctions du directoire et de ses ministres cesseront aussitôt. — Ces huit articles avaient été adoptés par la majorité. Dix membres sur quinze avaient voté cette rédaction : c’étaient MM. Dahlmann, Claussen, Dunker. Max de Gagern, de Mayern, de Raumer, de Saucken, Wippermann, de Würth et de Zenetti.

C’est le 19 juin que la délibération commença. Elle menaçait d’être longue, et sans le talent de quelques orateurs, elle n’aurait réussi qu’à embrouiller davantage une question déjà bien confuse. Plus de quarante propositions, sans compter les amendemens, avaient été déposées sur le bureau. Quant au nombre des orateurs il était vraiment effrayant : ceux qui étaient inscrits pour attaquer le projet de la commission n’étaient pas moins de soixante-douze ; il en avait trente qui s’apprêtaient à le soutenir, et onze qui devaient parler sur la question générale : cent treize discours sur le même sujet ! Le débat s’ouvrit d’abord sur le point le plus étendu de la question : Y a-t-il lieu de constituer un pouvoir central ? Après quelques paroles de M. Dahlmann, la lutte s’engagea très vivement entre la république et la monarchie constitutionnelle M. Heckscher, l’un des membres éminens du centre gauche, adopte le projet, à l’exception de l’article 2 : — que les gouvernemens proposent leurs candidats, rien de plus légitime ; mais c’est l’assemblée seule qui doit les nommer. M. le docteur Wiesner (de Vienne) parle le premier au nom de la montagne, et la montagne, il faut le dire, aurait pu envoyer sans trop de peine un combattant plus habile. M. Wiesner ne réussit guère qu’à divertir l’assemblée quand il exprime grotesquement sa profonde surprise au sujet du projet de loi, quand il dénonce avec une indignation factice l’insolence de la réaction et s’écrie, pour terminer, qu’on ne doit pas installer le pouvoir central avant de lui avoir sondé les reins. Après quelques orateurs obscurs, M. le général de Radowitz monte à la tribune. M. de Radowitz est l’homme le plus éminent de l’extrême droite. S’il ne possède ni l’éclat chevaleresque du Prince Lichnowsky, ni la redoutable ironie de M. de