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Entre ces deux points bien arrêtés, que de combinaisons différentes, que de projets particuliers étaient possibles et furent proposés en effet ! Donnerait-on ce pouvoir à un seul homme ? serait-ce un prince ? le choisirait-on parmi les souverains ou seulement dans leur famille ? ou bien, au lieu de confier le pouvoir à un seul, ne vaudrait-il pas mieux créer un directoire, de manière à ce que les différentes parties de l’Allemagne divisées encore par des mœurs, des sympathies et des intérêts contraires, eussent chacune leur représentant au sein du pouvoir supérieur ? On voit combien de systèmes opposés se trouvaient en présence. Depuis le centre gauche jusqu’à la droite, presque tous les députés d’accord sur le fond du débat, ne pouvaient s’entendre sur l’applications, et troublés, incertains, renonçaient à leur opinion de la veille pour un nouveau système qu’ils devaient abandonner le lendemain. Ce n’était plus, au moins de ce côté de la chambre, une affaire de lutte et de discipline ; toutes les nuances étaient confondues, et chacun, se loi ses vues personnelles, adoptait soit le directoire, soit le pouvoir unique, en dehors de tout intérêt de parti. Ajoutez à cela l’opinion de l’extrême droite, qui réclamait exclusivement pour les souverains le droit de constituer le pouvoir central, tandis que plusieurs membres de la droite auraient voulu que cette organisation se fît concurremment par les souverains et l’assemblée. Ainsi, d’un côté, l’extrême gauche avec son programme républicain ; en face, l’extrême droite avec un programme monarchique, qui refusait toute concession à l’esprit révolutionnaire ; au centre, différens partis qui autorisaient volontiers l’élection du pouvoir central par le parlement, mais qui se montraient plus incertains que jamais sur le système définitif qu’il convenait d’adopter : telle était la situation de l’assemblée nationale, lorsque la commission, par l’organe de son rapporteur, M. Dahlmann, vint proposer aussi son système et commencer la lutte.

Le rapport de M. Dahlmann concluait à l’adoption de ces huit articles : 1° Jusqu’à l’établissement définitif de la puissance exécutive en Allemagne, un directoire fédéral sera institué pour exercer provisoirement cette puissance dans toutes les affaires communes des peuples allemands. 2° Ce directoire se composera de trois membres, désignés par les gouvernemens et nommés par eux, après que l’assemblée nationale, au moyen d’un simple vote, sans discussion, aura accepté les choix proposés. 3° ce directoire aura provisoirement les attributions suivantes : il exercera le pouvoir exécutif dans toutes les affaires qui intéressent la sûreté et le bien-être de l’Allemagne ; il prendra le commandement en chef de l’armée et nommera tous les officiers supérieurs des troupes de la confédération ; il sera chargé de tout ce qui concerne la représentation de l’Allemagne auprès des autres peuples, et nominera par conséquent les ambassadeurs et les consuls. 4° Sur la paix et