Page:Revue des Deux Mondes - 1849 - tome 3.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur celui-la. L’Allemagne veut l’unité, et nous la lui donnerons. L’unité ! c’est notre seule sauvegarde et au dedans et au dehors. » Quelle que soit l’intelligence politique de M. de Gagern, on voit trop que ses doctrines n’étaient pas parfaitement arrêtées. Quel devait être le rôle du parlement de Francfort ? Quelle était l’étendue de son droit et de son action ? Sur quels points et dans quelles limites s’exercerait le concours des gouvernemens ? À toutes ces questions, M. de Gagern n’avait pas alors de réponse précise, et c’est pour n’avoir pas su, dès le premier jour, s’enfermer dans le cercle des choses possibles c’est pour avoir indiqué le but sans se préoccuper des moyen, que le parlement de Francfort a accumulé les obstacles où il devait infailliblement se briser.

Il restait à nommer le vice-président. M. de Soiron, le président du comité des cinquante, fut élu par 341 voix sur 392 ; les autres suffrages s’étaient partagés entre MM. Robert Blum, Dahlmann, Mühlefeld, Hermann Uhland, Henri Simon (de Breslau), Heckscher et Roemer, qui appartenaient tous, excepté Robert Blum, au parti constitutionnel. L’extrême gauche attendait encore la meilleure partie de ses troupes.

On vit commencer cependant, à la séance du soir, un engagement très vif, prélude d’une bataille qui dura huit jours et qui servit à mettre en évidence les différens partis de l’assemblée. Un député de Cologne, M. Raveaux, esprit turbulent, mais habile, le même que nous avons vu, dans l’assemblée des notables, résister à une misérable intrigue de son parti, porta devant le parlement un problème de la plus haute importance. La chambre des députés de Berlin était sur le point de se réunir. Quel serait le rôle de la chambre prussienne en face de l’assemblée nationale ? Pouvait-il y avoir une délibération parlementaire à Berlin tant que la constitution de l’Allemagne n’aurait pas été votée à Francfort ? Quels conflits, si la constitution prussienne n’était pas d’accord avec la constitution des peuples germaniques ! En présence de l’assemblée souveraine qui va statuer sur le sort de l’Allemagne entière, ne faut-il pas provisoirement fermer toutes les tribunes ? Graves et urgentes questions dont M. Raveaux voulut saisir immédiatement l’assemblée. M. Raveaux proposait de déclarer que les députés de Francfort, nommés aussi députés Berlin, pourraient accepter ce double mandat ; il ajoutait que la chambre des députés de Berlin, bien qu’autorisée à se réunir ne pourrait voter que des mesures générales, parer aux nécessités du moment, maintenir l’ordre, mais qu’elle ne travaillerait pas à une constitution. « Ma proposition se compose de deux parties, disait M. Raveaux : la première autorise la réunion de la chambre prussienne, car après une révolution, au milieu de l’effervescence des esprits, en présence d’une réaction ardente à se venger, il ne faut pas désarmer le ministère, il ne faut pas le priver de l’appui qu’il trouvera dans les représentans du pays ; mais, ce péril écarté, un autre danger