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que ses travaux vont commencer. Le comité des cinquante siégeait encore dans la salle impériale du Roemer ; dès qu’il est informé par un message officiel de la constitution de l’assemblée, il déclare que sa mission est finie et résigne ses pouvoirs. Une foule tumultueuse a déjà envahi l’église. Presque rien n’est changé dans la disposition des lieux ; seulement, les bancs qui s’élèvent en amphithéâtre derrière les colonnes ne sont plus tous destinés aux spectateurs ; dans la partie qui fait face à la tribune, c’est-à-dire au centre droit et au centre gauche, tous les bancs sont occupés jusqu’en haut par les députés ; à l’extrême droite et à l’extrême gauche, des tribunes réservées viennent s’adosser à l’estrade du président. Quant à l’immense galerie que supportent les colonnes et qui circule à l’intérieur du dôme, elle est toujours remplie par une multitude bruyant dont les allures révolutionnaires présagent d’orageuses séances au parlement. Le président d’âge, M. le docteur Lang, est au fauteuil ; le vice-président est un ministre du royaume de Saxe, le vénérable M. de Lindenau.

Le président se lève et lit à l’assemblée un message de la diète ; c’est une lettre de félicitations et une promesse de concours pour le grand travail de l’unité germanique. Répondra-t-on à ce message ? Un avocat viennois, M. de Mühlefeld, propose de nommer une commission qui préparera la réponse ; M. Zitz (de Mayence) s’y oppose avec dédain. L’assemblée décide qu’elle confie cette tâche aux soins de son futur président. Alors s’engage une discussion violente sur l’ordre des travaux du parlement. Dans toute assemblée qui débute, les démagogues nouveaux venus sont pressés de se faire connaître ; ajoutez à cela que la présidence d’un vieillard, au lieu d’inspirer le respect et de contenir les passions, semble encourager les matamores. M. Lang eut beau faire ; on ne respecta ni sa voix ni sa sonnette, et la confusion dès le premier jour atteignit ses dernières limites. Enfin, après bien des violences, le programme de l’extrême gauche, présenté par M. Wesendonck, est repoussé et la préférence est donnée au programme du parti modéré, soutenu par MM. Robert Mohl, Mürschel et Schwarzenberg. On décide aussi que la nomination du président aura lieu dès le lendemain, avant la vérification des pouvoirs. Enfin plusieurs propositions inattendues viennent étonner et égayer les derniers momens de la séance ; ici, c’est Un député de la gauche qui invite l’assemblée à comparaître devant je ne sais quel club, qui a arboré, comme un drapeau, la doctrine de la souveraineté du peuple ; là, au contraire, c’est un député du centre qui supplie le parlement de se réunir le lendemain matin dans les jardins du Mainlust pour y faire une solennelle adhésion au principe de la monarchie constitutionnelle La proposition de l’évêque de Münster est plus sérieuse ; il demande que le service divin soit célébré le lendemain avant que l’assemblée commence ses délibérations. — Aide-toi, le