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De même dans la Pensylvanie. Dans le Massachusetts et dans la Virginie qui sont des états influens et où l’on est plein de sollicitude pour les saines doctrines républicaines, l’état est intervenu pour assister l’esprit d’association qui n’avait que des ressources insuffisantes, et, à cause des dimensions du territoire par rapport à la population, avait beaucoup à dépenser. Pourtant il n’a rien entrepris de sérieux par lui-même en fait de canaux et de chemins de fer ; c’est par les mains des compagnies que tout a été exécuté dans ces deux états éclairés. L’exclusion même, au lieu de se produire franchement ailleurs où elle était dans la pensée du législateur, s’est déguisée sous des stipulations tracassières et des exigences inacceptables. C’est qu’on sentait bien que la faculté de s’associer est un attribut essentiel de l’homme libre, et l’on n’osait pas nier manifestement cette liberté précieuse, sous prétexte de servir la liberté.

La tentative d’investir l’état de monopoles industriels n’a pas été étendue à d’autres objets que les banques et les voies de communication. Les états particuliers n’ont pas de marine, ils n’ont pas le droit de battre monnaie. Seule, l’Union a des chantiers de construction et des hôtels de monnaies ; et ce sont les seules fabrications auxquelles elle se livre. Encore n’est-ce pas elle qui manufacture les machines à vapeur qu’il lui faut pour sa flotte. Ainsi l’Union a des arsenaux maritimes, elle n’a pas de fonderies comme la nôtre de Ruel, ni d’établissemens de construction du genre d’Indret. Elle fait le service des postes ; mais tout y est à l’entreprise. La fabrication de la poudre est une industrie libre en Amérique, de même que celle des armes jusques et y compris le canon de tout calibre, à plus forte raison le commerce de ces deux articles, armes et poudre. Je cite le fait sans prétendre qu’il puisse être imité chez nous. Il y a parmi nous une minorité imperceptible par le nombre, infinie par l’audace et la turbulence, qui, si on laissait aux citoyens la faculté de faire ou de détenir de la poudre et des armes, s’en servirait infailliblement pour de sinistres desseins.

Les monopoles que se sont attribués les gouvernemens de plusieurs pays de l’Europe dans une pensée fiscale, comme le monopole des tabacs, en France, ou celui des voitures publiques en Allemagne, sont complètement inconnus en Amérique.

Les assurances sont très multipliées aux États-Unis ; l’assurance y est dans les mœurs beaucoup plus que sur le continent européen, et, pour ce qui est de l’incendie, il serait imprudent de ne pas la pratiquer, car c’est incomparablement le pays au monde où l’on entend le plus crier au feu. Il ne se passe pas d’année sans qu’on y ait à enregistrer quelque conflagration effroyable. Qui ne se souvient du grand incendie de décembre 1836 à New-York, où le sinistre fut de plus de 100 millions de francs ? L’année passée (1848) fut marquée par trois ou quatre incendies terribles, à Albany, à Brooklyn et ailleurs. Il y a peu